RICARD GUINO i BOIX | RICARDO GUINO Y BOIX | RICHARD GUINO

ARTISTE POLYMORPHE

artiste polymorphe

L’œuvre de Richard Guino (1890-1973) développe une esthétique solaire, dédiée à un monde arcadien où le corps féminin, entre observation naturaliste et idéalisation des formes, occupe une place centrale. Avant, pendant et après les sculptures que le jeune artiste a créées avec Renoir entre 1913 et 1918, ses œuvres révèlent une ample variété de recherches formelles et techniques : les figures de sa mythologie païenne sont explorées à travers d’infinies transformations sérielles, au gré de pratiques et médiums variés dans les domaines de la sculpture, de la céramique, des arts graphiques et décoratifs. Guino se révèle aussi un portraitiste sensible de l’enfance et de la maternité, qui capte avec finesse la diversité et les particularités de ses modèles.

Fraîchement arrivé de Catalogne, où il est considéré comme un jeune sculpteur prometteur, Guino s’installe en 1910 à Paris, capitale des arts alors en pleine effervescence créatrice. Formé à la Llotja, l’école des Beaux-Arts de la Barcelone « modernista », proche de Maillol, Guino s’éloigne tout autant de l’académisme que de l’expressivité de Rodin. Il élabore un art méditerranéen, subtil mélange de classicisme et de modernité, où le renouveau des formes se nourrit du retour à « la simplicité silencieuse » de l’art archaïque.

Tout comme les nabis qu’il a côtoyés, Guino se défait de la vision qui cloisonne les disciplines et déploie sa pratique artistique comme un champ de liberté et d’exploration, soutenu par une virtuosité technique qui lui permet de passer naturellement de la terre au marbre, du marteau au crayon, de la faïence au bois… Ses motifs iconographiques sont sans cesse renouvelés à travers des expérimentations formelles multiples, évoluant au fil de sa carrière vers un esprit décoratif.

Forgé en Catalogne espagnole, le langage de Guino se réfère à l’Antiquité gréco-romaine, au faire puissant ou maniéré des artistes italiens de la Renaissance, à la grâce mesurée de l’école française… Farouchement indépendant, étranger aux ruptures radicales prônées par les avant-gardes, Guino traversera le XXe siècle sans s’attacher à aucun courant ni dévier d’une modernité classique, une esthétique de l’équilibre, musicale et sensuelle :

« J’aime tout ce qui est beau, sans esprit de système. »

Un style ample, synthétique et épuré, qui conjugue recherches sur les textures et les coloris, simplification des formes et construction architecturale des volumes.

Torse de femme - Richard Guino, c. 1910
Torse de femme, c. 1910
Musée Pouchkine (Moscou)

AUGUSTE RENOIR (1841-1919) | RICHARD GUINO (1890-1973)

L'œuvre sculpté
renoir-GUINO

Vénus à la pomme, ou Petite Vénus - Renoir-Guino, 1913
Vénus à la pomme (détail), 1913
Auguste Renoir et Richard Guino

L'ŒUVRE SCULPTÉ RENOIR-GUINO

La fructueuse collaboration d’Auguste Renoir et Richard Guino, orchestrée par le marchand d’art Ambroise Vollard, constitue un épisode singulier de l’histoire de l’art – occulté pour des motivations commerciales, surexposé par un épilogue judiciaire retentissant, finalement méconnu. L’exposition majeure « Renoir au XXe siècle », qui s’est tenue en 2009 au Grand Palais à Paris, a révélé au public le sculpteur Richard Guino et son importance dans la création d’une œuvre qui participa pleinement au renouveau de la sculpture moderne et dont il ne fut reconnu coauteur qu’à titre posthume.

Entre 1913 et 1918, le jeune sculpteur et le vieux peintre partagent une aventure de création étonnante, caractérisée par une intense communion d’esprit et de sensibilité. Guino, après avoir travaillé aux côtés de Maillol pour la création des nus monumentaux du Cycle des saisons et tout en poursuivant son œuvre personnel, prolonge et mêle désormais ses recherches formelles aux visions de Renoir, que la question de l’inscription du volume dans l’espace passionne. Il modèle avec son propre génie plastique des sculptures inspirées de l’œuvre peint du maître, alors gagné par la paralysie, et relève avec enthousiasme et virtuosité le défi d’inventer la sculpture… « de Renoir » ?

Cette question demeura une énigme jusqu’à ce que Michel Guino, fils de Richard Guino et lui aussi sculpteur, n’entreprenne de rétablir l’apport original de son père à l’œuvre commun, initialement occulté par Vollard. L’habile marchand, producteur des sculptures dont il s’était assuré l’exclusivité, avait méthodiquement relégué le jeune catalan dans l’anonymat. « Je vous trouverai des mains » promit-il à Renoir… Ainsi plongées dans l’ombre d’une métonymie trompeuse, les « mains » ne retrouvèrent leur tête que soixante ans plus tard, au terme d’un long procès qui passionna le milieu artistique et révéla la liberté créatrice dont jouissait Guino, reconnu coauteur.

Venus Victrix, Jugement de Pâris, Eau… Des chefs-d’œuvre aujourd’hui présentés dans les plus grands musées du monde sous la double signature de Renoir et Guino.

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