RICARD GUINO I BOIX | RICARDO GUINO Y BOIX

RICHARD GUINO (1890-1973)

CHRONO- BIOGRAPHIE

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Cette chrono-biographie du sculpteur, dessinateur, céramiste et artiste décorateur Richard Guino a été établie pour l’exposition présentée par le musée d’art Hyacinthe Rigaud, Perpignan, du 24 juin au 5 novembre 2023 : Guino – Renoir, la couleur de la sculpture.

Elle est le fruit des recherches développées par Adélaïde Paul-Dubois-Taine, petite-fille de l’artiste, avec l’ensemble des historiennes et historiens de l’art réunis par Pascale Picard, directrice et conservatrice du musée, qui a assuré le commissariat général de l’exposition : Antoinette Le Normand-Romain, commissariat scientifique, Sandrine Nicollier, recherches documentaires, Francesc Fontbona, Cristina Rodriguez-Samaniego, Élisabeth Lebon, Sylvain Pinta, Clémentine Hébrard

À chacune et à chacun nous adressons, descendants de l’artiste, nos plus vifs remerciements.

Les références « cat. » ainsi que les numéros des pages renvoient au catalogue de l’exposition Guino – Renoir, la couleur de la sculpture
publié sous la direction de Pascale Picard et Antoinette Le Normand-Romain aux éditions Silvana Editoriale, 2023 (voir Bibliographie).

Vue de la ville de Gérone (Espagne), années 1900

Fig. SW 1. Anonyme, Vue de Gérone sur la rivière Onyar au début du XXe siècle, carte postale ancienne, collection privée

1890-1910

UNE JEUNESSE CATALANE,
LA VOCATION DE SCULPTER

1890-1906

Naissance le 26 mai 1890 à Gérone, en Catalogne espagnole, de Ricardo Conrado Salvador Guinó y Boix – Ricard Guinó i Boix en catalan, fils aîné de l’ébéniste Francesc Guinó i Anglada et de Dolors Boix i Solé (fig. 1). L’enfant est initié à l’art de la taille dans l’atelier de son père, un artisan reconnu qui reçoit commandes publiques et privées, engagé dans les affaires de la cité.

Le jeune garçon reçoit une instruction soignée dans le cadre rigide d’un institut mariste. Grâce aux aptitudes qu’il révèle précocement[1] (fig. 2), il intègre l’Escuela Municipal de Artes y Oficios de Girona (École des arts et métiers de Gérone). Des rapports amicaux se nouent avec son professeur Prudenci Bertrana (1867-1941), figure du renouveau artistique catalan, dont il fait le buste[2] (cat. 6, p. 36). Dès l’âge de quinze ans, Guino apparaît en tant que sculpteur dans les registres municipaux, affirmant son souhait de se départir du devenir de l’ébénisterie familiale.

Portrait de la famille Guinó i Boix, de g. à d. Ricard, Francesca, Dolors, tenant dans ses bras Maria Concepció, Francesc et Francesc, vers 1903, Gérone

Fig. 1, p. 277. Anonyme, Portrait de la famille Guinó i Boix, de g. à d. : Ricard, Francesca, Dolors, tenant dans ses bras Maria Concepció, Francesc et Francesc, vers 1903, Gérone, tirage argentique, 11,8 x 16,5 cm, collection privée © ADAGP, Paris, 2023 © APRG

Fig. 2, p. 277. Anonyme, Ricard Guinó, enfant, travaillant pour Profundo sueño, vers 1903, Gérone, tirage argentique, 10,6 x 8 cm, collection privée © ADAGP, Paris, 2023 © APRG

1907

Guino poursuit ses études à La Llotja, École supérieure d’arts, d’industrie et des beaux-arts de Barcelone. José Ruiz y Blanco (1838-1913), père de Pablo Picasso, est l’un de ses professeurs.

Il se forme également auprès du sculpteur Eusebi Arnau (1863-1933)[3], dont l’atelier regorge de commandes pour l’architecture (Hôpital de Sant Pau, Palais de la musique catalane, édifices aujourd’hui inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco).

Guino fréquente le Cercle Artístic de Sant Lluc (Cercle artistique de Saint Luc), notamment animé par Antoni Gaudí (1852-1926)[4].

À cette époque, la sensibilité artistique évolue en Catalogne du modernismo au noucentismo, retour à la synthèse formelle gréco-méditerranéenne dont Aristide Maillol (1861-1944), en lien avec le milieu artistique et culturel gironais, est l’un des précurseurs[5].

De l’autre côté des Pyrénées, grâce au marchand Ambroise Vollard (1866-1939), Maillol s’est lié avec Auguste Renoir (1841-1919). Il réalise son buste dans la maison du peintre à Essoyes [6] (cat. 56, p. 112), tandis que Renoir peint Étude d’une statuette de Maillol (cat. 55, p. 111).

1908

Vue de l'exposition Guino, Corominas et Masò - Sala del Foment de la Industria i el Commerç, Gérone (Espagne), 1908

Fig. 6, p. 26. Anonyme, Vue de l’exposition Guino, Corominas et Masò, Sala del Foment de la Industria i el Commerç, Gérone (Espagne), 1908. Josep Thomas i Bigas (ed.), Fundació Rafael Masó, Girona. Donació de Joan Tarrús, 2023

Fig. 7, p. 26. Anonyme, Vue de l’exposition Guino, Corominas et Masò, Sala del Foment de la Industria i el Commerç, Gérone (Espagne), 1908. Josep Thomas i Bigas (ed.), Fundació Rafael Masó, Girona. Donació de Joan Tarrús, 2023

Guino obtient le prix Sculpture antique et d’après nature de La Lltoja[7].

À Gérone il expose, aux côtés de l’architecte Rafael Masó (1880-1935) et du peintre céramiste Joan Baptista Coromina (1890-1919), des dessins et les sculptures (fig. 3 et 4) : Testa de profeta (cat. 7, p. 37), Figura masculina (cat. 10, p. 38), Testa d’estudi (cat. 8, p. 37), Bust de nen, Bust de Coromina, Bust de Masó ainsi qu’une tête de l’écrivain Carles Rahola (1881-1939), qui livre une critique enthousiaste dans la presse[8].

Guino offre ses œuvres à l’École des arts, ce dont la ville lui sera reconnaissante[4].

buste-bretrana-guino-circa-1908

Fig. SW 3, voir Cat. 6, p. 36. Ricard Guino, Buste de Prudenci Bertrana, vers 1906-1910, Gérone, musée d’Art, inv. 131.231 © APDT © ADAGP, Paris, 2023

1909

Le premier bronze de Méditerranée, fondu par Florentin Godard (1877-1956), est offert par Maillol à la ville de Perpignan[9]. Guino fait sa connaissance grâce à Bertrana[10], leur ami commun, et fréquente à Banyuls-sur-Mer l’atelier de son aîné[11], peintre de formation qui s’est orienté vers la sculpture vers quarante ans. 

Maillol vient de recevoir une importante commande du collectionneur russe Ivan Morozov (1871-1921), la création de quatre nus féminins monumentaux destinés au salon de musique de son palais moscovite, déjà décoré des fresques de Maurice Denis.

Guino envoie un Buste de femme à Gérone, exposé Sala del Arte Moderno, qui retient l’attention[12]. Il obtient à nouveau le prix de sculpture de La Lltoja[13].

Fig. SW 2, voir Cat. 8, p. 37. Ricard Guino, Testa d’estudi, avant 1908, Gérone, musée d’Art, inv. 131.274 © APDT © ADAGP, Paris, 2023

Fig. 8, p. 27. Anonyme, Retrat femení, œuvre de Ricard Guino, vers 1908-1910, œuvre non localisée © APRG © ADAGP, Paris, 2023

1910

En mars, nouvelle exposition à la Sala del Arte Moderno, où sont présentés des portraits[14]. Guino s’apprête à quitter définitivement sa terre natale pour rejoindre Maillol à Paris. Dans un article du 2 avril, Rahola salue son départ : « […] la ville magique l’attire, comme tous ceux qui veulent se renouveler[15]. » Guino abandonne son droit d’aînesse à son frère cadet et ses parents lui permettent d’éviter le service militaire, imposé par tirage au sort, en achetant une dispense.

Il est déjà à Paris lorsqu’en mai sont exposés ses bustes de Gabriel Gómez et Josep Puig i Pica au Palau de Belles Arts de Barcelone[16].

Fig. SW 4. Œuvres de Guino des années 1907-1910 (voir cat. p. 36-39) – Vue de l’exposition Guino – Renoir la couleur de la sculpture, musée d’art Hyacinthe Rigaud, Perpignan, 2023, de g. à d. Portrait de Miquel de Palol i Felip en pied, Gérone, musée d’Histoire, inv. MHG 11805, Buste de Prudenci Bertrana, Gérone, musée d’Art, inv. 131.231, Tête d’étudiant, Gérone, musée d’Art, inv. 131.274, Prophète, Gérone, musée d’Art, inv. 131.273, Buste d’homme barbu, Gérone, musée d’Histoire, inv. MHG 0842, Buste d’enfant, Gérone, musée d’Histoire, inv. MHG 0844 ©APDT © ADAGP, Paris, 2023

Fig. SW 5. Richard Guino, Torse de jeune homme, vers 1907, Gérone, musée d’Histoire, inv. MHG 0845 (cat. 9, p. 38) vue de l’exposition Guino – Renoir la couleur de la sculpture, musée d’art Hyacinthe Rigaud, Perpignan, 2023 ©APDT © ADAGP, Paris, 2023

[1] Acción, p. 3.

[2] Clara, 1992, p. 40.

[3] Rafols, 1951.

[4] Gérone, 1992, 13.

[5] Paris-Zurich-Roubaix, 2022, p. 314.

[6] Frère, 2016, p. 237.

[7] Cf dans le catalogue l’essai de Cristina Rodriguez-Samaniego.

[8] Rahola, 1908.

[9] Paris-Zurich-Roubaix, 2022, p. 145. Lebon, 2003, p. 167.

[10] La rencontre des deux sculpteurs aurait eu lieu à Perpignan, peut-être à cette occasion. Entretien de Richard Guino avec René Boulé, 20 septembre 1972 ; Archives collection privée.

[11] Gérone, 1992, p. 12. Paris, 1974, n. p., texte de Michel Guino. Entretien de Richard Guino avec René Boulé, 20 septembre 1972 ; Archives collection privée.

[12] Masó i Valenti, 1909, p. 4-5.

[13] Cf dans le catalogue l’essai de Cristina Rodriguez-Samaniego.

[14] Coromina, 1910, p. 2.

[15] Rahola, 1910, p. 1-2.

[16] Barcelone, 1910.

La rue Daguerre à Paris au début du XXe siècle, carte postale envoyée par Guino à ses parents

Fig. 3, p. 278. Anonyme, La rue Daguerre à Paris au début du XXe siècle, carte postale envoyée par Guino à ses parents, cachet postal 27 avril 1912, 9 x 14,3 cm, à l’encre une flèche surmontée de l’inscription « N°7 », collection privée © APRG

1910-1913

UN ARTISTE POLYMORPHE AU COEUR
DU FOYER DE CRÉATION PARISIEN

Richard Guino, Femmes jouant au tennis, vers 1910, inv. dessin 2480 A, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

Fig. SW 6. Richard Guino, Femmes jouant au tennis, vers 1910, inv. 2480 A (recto), collection privée © Sege Bougroud © ADAGP, Paris, 2023 (voir cat. 5, p. 34)

Au printemps 1910 Guino s’installe 7 rue Daguerre à Paris, tout près du quartier de Montparnasse, en pleine effervescence créative (fig. 9). Une lettre à son ami Carles Rahola atteste de la révolution qui s’opère en lui :

« Paris, quelle vie, bien supérieure à celle d’une ville morte. Il est certain qu’on y vit avec une perpétuelle excitation parce qu’ici, ce ne sont pas des hommes, ce sont des machines […] Et quelle abondance d’éléments pour nous, rien que dans les musées, on pourrait y passer la vie. Quel changement – sentir, observer, penser, tant de changements… Des modèles aux femmes… Les figures sont mieux et plus libres, les formes plus claires et avec tout le sentiment de la vie, chaque parisienne a une âme d’artiste[1]. »

Bouleversé par la modernité comme par la liberté des corps féminins qu’il découvre (fig. X et Y), le jeune sculpteur renie ses œuvres passées.

Il étudie le nu d’après modèle vivant à l’Académie Ranson, qu’il fréquente librement, visite assidûment le Louvre et apprécie particulièrement les spectacles chorégraphiques (carnet, cat. 5, p. 34).

Guino explore divers matériaux, techniques, formats. Ses œuvres s’épurent et s’ancrent, les lignes et les masses se simplifient.

Jeune femme agenouillée à la natte, Guino, avant 1912

Fig. 4, p. 278. Anonyme, Jeune femme agenouillée à la natte, œuvre de Richard Guino, avant 1912, bois non localisé © ADAGP, Paris, 2023 © APRG

L'Égyptienne, Guino vers 1910

Cat. 42, p. 78. Richard Guino, Femme assise les bras sur les genoux ou L’Égyptienne, avant 1912, collection privée © ADAGP, Paris, 2023 © A. Borzeix

Cat. 37, p. 73. Richard Guino, Cariatide et Atlante, 1911, collection privée © ADAGP, Paris, 2023 – Photo Ville de Perpignan, Musée d’art Hyacinthe Rigaud/P. Marchesan

Cat. 39, p. 75. Richard Guino, Jeune couple à la fleur, 1911, collection privée © ADAGP, Paris, 2023 © A. Borzeix

Fig. 21, p. 56. Richard Guino, Torse à la draperie, 1911-1912, collection privée © ADAGP, Paris, 2023 © A. Borzeix

Œuvres du cycle de création La Vendangeuse, inspirée par Eulalie Verdier, compagne de l'artiste durant les années 10

Fig. G. Richard Guino, Cycle de créations liées à la Vendangeuse, posées par Eulalie Verdier, 1911-1913, collections privées © ADAGP, Paris, 2023 © A. Borzeix

Richard Guino, Femmes jouant au tennis, vers 1910, inv. dessin 2480 B, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

Fig. E. Richard Guino, Femmes jouant au tennis, vers 1910, inv. 2480 B (verso), collection privée © Serge Bougourd © ADAGP, Paris, 2023 (voir cat. 5, p. 34)

Fig. F. Richard Guino, Aphrodite accroupie, vers 1910, carnet, collection privée (voir cat. 5, p. 34) © ADAGP, Paris, 2023 © A. Borzeix

1911

Guino emprunte la voie d’une modernité archaïsante et s’intéresse au fragment (Petit torse doré, cat. 20, p. 56).

Il modèle en terre ou taille directement dans le bois des rondes-bosses et des reliefs aux formes synthétiques (Égyptienne, cat. 42, p. 78, Cariatide et atlante, cat. 37, p. 73, Adam et Ève, cat. 35, p. 71, Nu de dos accroupi, cat. 43, p. 79, Jeune femme agenouillée à la natte, fig. 11).

La polychromie est déjà l’un de ses axes de recherche (Femme et enfant à la pomme, cat. 95, p. 153, Jeune couple à la fleur, cat. 39, p. 75).

Cat.. 43, p. 79. Richard Guino, Baigneuse accroupie de dos, vers 1910-1912, collection privée © ADAGP, Paris, 2023 © Artcurial

Cat. 20, p. 56. Richard Guino, Petit torse doré, vers 1910, collection privée © ADAGP, Paris, 2023 © A. Borzeix

Adam et Ève - Richard Guino, c. 1910

Cat. 35, p. 71. Richard Guino, Adam et Ève, avant 1912, collection privée © ADAGP, Paris, 2023 © A. Borzeix

Portrait d'Eulalie Verdier et Ricardo Guino, c. 1911

Fig. 7, p. 48. Anonyme, Richard Guino et Eulalie Verdier, probablement dans l’atelier du 7 rue Daguerre, Paris, vers 1911, collection privée © ADAGP, Paris, 2023 (voir fig. 7 p. 48) © APRG

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Cat. 95, p. 153. Richard Guino, Femme et enfant à la pomme, ou Maternité bleue, s. d. 1911, collection privée © ADAGP, Paris, 2023 – Photo Ville de Perpignan, Musée d’art Hyacinthe Rigaud/P. Marchesan

Étude de nu féminin, posée par Eulalie Verdier, 1911-1912
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Étude de nu - Richard Guino, 1912
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Étude de nu féminin, posée par Eulalie Verdier, 1911-1912

Cat. 22, p. 57 (dessin central) et fig. H, I, J, K. Richard Guino, Torse féminin, études et photographies d’une sculpture (en marbre ?) non localisée, posée par Eulalie Verdier, vers 1912, collections privées © ADAGP, Paris, 2023 © Serge Bougourd pour les photographies des dessins (auteur des vues de la sculpture anonyme)

Portrait d'Eulalie Verdier au collier de verre, c. 1911

Fig. 5, p. 178. Anonyme, Eulalie Verdier en blouse blanche portant un collier de verre, vers 1911, collection privée © ADAGP, Paris, 2023 (voir cat. 5, p. 278)

Eulalie Verdier se baignant, 1911-1918

Fig. 6, p. 178. Anonyme, Eulalie Verdier prenant un bain de mer, vers 1911, collection privée  © ADAGP, Paris, 2023 (voir cat. 6, p. 278)

Kessler, mécène de Maillol, lui achète un Torse de femme en terre cuite et un petit relief en bois[4] (fig. 7). 

Après s’être rendu dans son atelier avec Maillol pour voir le Printemps en cours de réalisation, Kessler, à la date du 30 mai 1911, décrit Guino dans son journal : 

« Petit homme sombre aux yeux vifs, un peu espiègles. Beaucoup de talent. Acheté un torse de femme modelé avec extrêmement d’ardeur et un petit relief en bois. »

Les œuvres acquises par Kessler ne sont pas identifiées aujourd’hui.

Gaspard Maillol (neveu d'Aristide Maillol), Maurice Denis et Richard Guino photographiés autour du plâtre de "L’Été" par le comte Harry Kessler en 1911

Fig. 9, p. 279. Harry Kessler, Gaspard Maillol (neveu du sculpteur), Maurice Denis et Richard Guino entourent le plâtre de l’Été, Marly-le-Roi, 15 octobre 1911, DLA Marbach

Le 15 octobre, dans le jardin de l’atelier de Maillol à Marly-le-Roi, Kessler photographie le plâtre de l’Été entouré de Gaspard Maillol, Maurice Denis et Guino, qui vient de le mouler[5] (fig. 9, p. 279).

Femme allongée à la draperie - Richard Guino, 1912

Cat. 46, p. 83. Richard Guino, Femme allongée sur une draperie, posée par Eulalie Verdier, 1912, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

Guino assiste Maillol, qui le charge de transmettre à Eulalie Verdier (1891-1919), modèle et tisseuse, une invitation à poser pour le Printemps[2], l’une des Saisons de la commande Morozov[3] (fig. 5 et 6, p. 278, et cat. 14, p. 50 Torse du Printemps). 

La figure est modelée dans l’atelier de Guino, en grande partie par lui, et posée par sa compagne, qu’il n’a de cesse de représenter (Portraits à la sanguine, cat. 17 et 18, p. 52 et 53, Masque, cat. 15, p. 51, Buste, cat. 16, p. 51, Étude de nu féminin, cat. 22, p. 57).

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Fig. L, M. Aristide Maillol, Lettre à Eulalie Verdier, aux bons soins de Guino, mention de la main de celui-ci :  « 1911 », n°48 et tampon de l’avocat Paul Prompt, collection privée © ADAGP, Paris, 2023 © APRG

Torse du Printemps, 1911 - Aristide Maillol assisté de Richard Guino

Cat. 14, p. 50. Aristide Maillon assisté de Richard Guino, Torse du Printemps, posé par Eulalie Verdier, 1911-1912, Musée Hyacinthe Rigaud, Perpignan

Esquisse de nu - Richard Guino, c. 1910

Fig. 7, p. 278. Richard Guino, Étude de torse, de dos, au verso fig. 7 bis, vers 1911-1912, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

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Fig. 8, p. 278. Richard Guino, Étude pour le monument à Cézanne de Maillol, au verso fig. 7 bis, vers 1911-1912, collection privée (recto et verso d’une même feuille) © ADAGP, Paris, 2023

Plusieurs dessins de Guino témoignent des recherches qu’il mène conjointement à Maillol sur le projet Monument à Cézanne (fig. 8, p. 278).

1912

Fig. 4, p. 46. E. Le Delay, Guino – Bacchanale, planche « L’art décoratif aux Salons de 1912 » (bois non localisé) © ADAGP, Paris, 2023

Guino présente Bacchanale, relief en bois (fig X, p. X), au Salon des Artistes Décorateurs[6] et au Salon de la Société nationale des Beaux-arts[7], où il montre Torse de femme, un marbre remarqué[8] (fig. X, p. X).

Fig. N, O. Richard Guino, Portraits de Bougourd, dessin à la sanguine, 1913 et buste en terre cuite, avant 1912, collections particulières © ADAGP, Paris, 2023 © Serge Bougourd © Anne Bougourd

Fig. 10, p. 279. Gervais Bougourd, Portraits de Guino, photographie sur plaque de verre, tirage au charbon et tirage au charbon sépia, vers 1913, collection particulière
© ADAGP, Paris, 2023

Torse de femme - Richard Guino, c. 1910

Fig. 1, p. 55. Richard Guino, Torse de femme nue, avant 1912, musée Pouchkine, Moscou © ADAGP, Paris, 2023

Son ami le photographe Gervais Bougourd (1888-1983), dont il a fait le buste (fig. 9), réalise portraits (fig. 10) et prises de vue de son atelier (fig. 11, fig. X, p. X [atelier 1912]) et de ses œuvres, parmi lesquelles la grande Vendangeuse[9] (fig. X, p. X [terre] et fig. Y, p. Y [bronze]). 

Anonyme, Richard Guino dans son atelier rue Daguerre, 1912, photographie, collection privée

Fig. 3, p. 45 et fig. 1, p. 59. Anonyme, Guino dans son atelier du 7 rue Daguerre à Paris, au verso inscription de la main de Guino : « 1912 », Paris, 1912, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

Vénus et Cupidon Richard Guino

Fig. 157, p. 232. Richard Guino, Vénus et Cupidon, s. d. 1912, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

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Fig. P. Richard Guino, Sofa, vers 1912, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

Avec l’aide de son frère Francesc, devenu ébéniste, et qui l’a rejoint à Paris, Guino crée du mobilier, intégrant souvent des éléments sculptés[10] (Vénus et Cupidon, cat. X).

Maurice Denis lui confie la réalisation de deux reliefs en stuc doré d’après ses maquettes, Le Chant et La Danse, tandis que le peintre réalise la coupole. Ils entourent l’orgue surplombant le cadre de scène du Théâtre des Champs-Élysées[11]

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Fig. Q. Maurie Denis et Richard Guino, La Danse et le Chant, reliefs surmontant le cadre de scène, Théâtre des Champs-Élysées,  1912

Baigneuse agenouillée - Richard Guino, c. 1912

Cat. 40 p. 76. Richard Guino, Baigneuse agenouillée, avant 1912, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

Guino expose à la galerie Marseille et Vildrac et à la galerie Druet, ses dessins sont distingués dans la presse par les critiques d’art Vauxcelles et Vaudoyer[12].

Fig. R, S, T, U. Richard Guino, Statuettes féminines dans l’atelier, dont des ébauches de la grande figure Vendangeuse, détails de la photographie de l’atelier de Guino (voir fig. 1, p. 59), Paris, 1912 (seule l’Esquisse de la Vendangeuse, la troisième statuette,  est aujourd’hui localisée, voir ci-dessous) © ADAGP, Paris, 2023

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Fig. V. Richard Guino, Esquisse de la Vendangeuse, 1911, terre cuite, collection privée © ADAGP, Paris, 2023 © Serge Bougourd

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Fig. 2, p. 59. Richard Guino, Esquisse de la Vendangeuse, 1911, plâtre, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

Cat. 23, p. 58. Richard Guino, Esquisse de la Vendangeuse, 1911, bronze posthume, collection privée © ADAGP, Paris, 2023 © A. Borzeix

Cat. 24, p. 61. Étude pour la Vendangeuse, daté 1912 © ADAGP, Paris, 2023 © Serge Bougourd

Fig. W. Étude pour la Vendangeuse, daté 1912 © ADAGP, Paris, 2023 © Serge Bougourd

Fig. 4, p. 59. Anonyme [Gervais Bougourd], Terre de la Vendangeuse en cours de modelage dans l’atelier, Paris, 1912 © ADAGP, Paris, 2023

1913

Au Salon des Artistes  Décorateurs Guino montre des panneaux de bois sculptés, probablement Femme assise à la draperie (fig. X, p. X) et Femme allongée à la natte, de dos (cat. X)[13].

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Cat. 44, p. 80. Richard Guino, Femme allongée à la natte, de dos, 1912, collection privée © ADAGP, Paris, 2023 © A. Borzeix

Femme assise à la draperie, Richard Guino c. 1912

Fig. 2, p. 81. Richard Guino, Femme assise à la draperie, vers 1912, collection privée, bois non localisé © ADAGP, Paris, 2023

Cat. 52, p. 88. Richard Guino, Vénus à la pomme, vers 1913, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

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Fig. 12, p. 279. Richard Guino, Femme tenant son chignon, vers 1913, bois non localisé © ADAGP, Paris, 2023

Il taille diverses statuettes en bois (cat. V à Z, fig. 12) et dessine abondamment : ses nombreuses études de nus (fig. 13) sont parfois dessinées sur papiers colorés (cat. X), il réalise des encres (cat. X), croque Isadora Duncan sur le vif (cat. X et Y), choisit le parchemin pour l’exécution de nus féminins néo-renaissants d’une grande puissance (cat. X), explore des effets de transparence et d’iridescence en peignant sur verre (cat. X et Y).

Isadora Duncan - Richard Guino, 1913

Fig. X. Richard Guino, Isadora Duncan, vers 1913, collection privée
© ADAGP, Paris, 2023 © A. Borzeix

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Cat. 5, p. 34. Richard Guino, Nijinski, vers 1913,
collection privée © ADAGP, Paris, 2023 © A. Borzeix

Isadora Duncan - Richard Guino, 1913

Fig. Y. Richard Guino, Isadora Duncan, vers 1913, collection privée
© ADAGP, Paris, 2023 © A. Borzeix

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Fig. 13, p. 280. Richard Guino, Étude de nu allongé un bras sur la tête, 1913, collection privée © ADAGP, Paris, 2023 © Serge Bougourd

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Fig. Z. Richard Guino, Nu allongé un bras relevé, 1913, collection privée © ADAGP, Paris, 2023 © Serge Bougourd

Nu à la draperie de dos - Richard Guino, c. 1913

Cat. 158, p. 233. Richard Guino, Nu de dos à la draperie, 1913, collection privée © ADAGP, Paris, 2023 © A. Borzeix

Nu de dos - Richard Guino, 1913

Cat. 159, p. 234. Richard Guino, Nu de dos aux bras relevés, 1913, collection privée © ADAGP, Paris, 2023 © Serge Bougourd

Nu à la draperie de dos - Richard Guino, c. 1913

Fig. A1. Richard Guino, Nu de dos à la draperie, vers 1913, collection privée © ADAGP, Paris, 2023 © A. Borzeix

[1] Lettre de Guinó à Rahola, 19 août 1910 ; Archives municipales de Gérone, Fons Carles Rahola Llorens.

[2] Lettres de Maillol à Guino et Verdier, [1911] ; Archives collection privée.

[3] Paris – Zurich – Roubaix, 2022, p. 225.

[4] Kessler, 2017, II, p. 187-188, 30 mai 1911. Les œuvres acquises par Kessler ne sont ni identifiées ni localisées.

[5] Kessler, 2017, II, p. 200-202, 15 octobre 1991, photographie.

[6] SAD, 27 février – 1er avril 1912 ; Bas-relief décoratif en bois sculpté, Paris 1912, p. 75

[7] SNBA, 14 avril – 30 juin 1912 ; Bacchanale (bas-relief sur bois), n° 1894 ; Torse de femme nue (marbre), n° 2549 ; Dugnat, 2002, V, p. 292 et p. 377.

[8] Sarradin, 1912, p. 3. Ballu, 1912, p. 3.

[9] L’une des œuvres uniquement documentées par la photographie aujourd’hui.

[10] Sofa intégrant le relief Vénus et Cupidon : https://charmeantiques.com/es/6235/art-deco-french-sofa-by-richard-guino, consulté le 23 mai 2023.

[11] Vaudoyer (2), 1913, p. 121. Jamot, 1913, p. 286.

[12] Vauxcelles, 1912 (2), p. 4. Vaudoyer (1), 1913, p. 4.

[13] SAD, 21 février – 31 mars 1913, Panneaux bois sculpté, Paris, 1913, p. 59.

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Fig. B1. Auguste Renoir et Richard Guino, Grande Laveuse, ou Eau, 1917, bronze présenté dans le jardin de sculptures du MoMA, New York, 1953 © ADAGP, Paris, 2023

1913-1918

La sculpture de Renoir ?
Il n'y a que Guino
qui puisse faire ça !

Après le succès retentissant, en mars 1913, d’une exposition Renoir à la galerie Bernheim-Jeune[1], Vollard met en œuvre le projet qu’il a mûri : produire des sculptures du peintre, pourtant dans l’incapacité de modeler du fait de la grave paralysie qui gagne ses articulations[2] (fig. 14). 

Consulté, Maillol affirme : « Il n’y a que Guino qui puisse faire ça[3] ! » Vollard obtient l’accord du jeune sculpteur[4], lui promettant son soutien « si la chose réussi[t]26 ». 

Il se rend à Cagnes[5] et parvient à persuader Renoir, toujours animé par un vif désir de créer malgré le martyr de sa dégradation physique[6].

Guino présente au peintre l’ébauche d’une Vénus qui scelle l’entente des deux artistes[7]. Il réalise de nombreux portraits de Renoir, dessins (cat. X), gravure et médaillons (cat. X), ainsi que son buste[8] (cat. X) et celui de « Coco », son plus jeune fils[9]

Dès le 29 mai, Vollard fait tirer en bronze, en même temps que le Buste de Renoir par Maillol, « 2 Vénus » et « six bas-reliefs J[ugemen]t de Paris »[10] (cat. X et Y). 

Le 23 juin, il fait fondre le Buste de Renoir par Guino, à qui il achète, le 12 juillet, « deux terres cuites originales, groupe et coupe[11] » (fig. 15). 

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Fig. 14, p. 280. Anonyme, Auguste Renoir dans le jardin des Collettes, Cagnes-sur-Mer, vers 1914, photographie conservée  par Richard Guino, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

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Fig. 15, p. 280. Richard Guino, Coupe portée par quatre femmes, vers 1912, terre cuite non localisée © ADAGP, Paris, 2023

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Fig. 6, p. 189. Richard Guino, Coupe portée par trois grâces, vers 1913, collection particulière © ADAGP, Paris, 2023

Maternité - Richard Guino, c. 1911

Fig. C1. Richard Guino, Maternité, vers 1912, musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg © ADAGP, Paris, 2023

En août paraît un portrait de Guino dans La Bataille Littéraire de Paris, qui relève la virtuosité dont fait preuve le jeune artiste aussi bien lorsqu’il modèle que lorsqu’il taille, dessine ou réalise du mobilier[12]

Le sculpteur est alors à Essoyes aux côtés de Renoir[13], retouchant la Petite Vénus placée, selon le désir du peintre, sur un socle historié par le petit Jugement de Pâris (fig. X, p. X).

guino-vers-1913-dans-son-atelier

Fig. 16, p. 280. Gervais Bourgourd, Richard Guino dans son atelier de la rue Daguerre, assis sur un fauteuil à la romaine qu’il a réalisé, au fond à g., Vendangeuse, Paris, vers 1914, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

Vénus Victorieuse, ou Petite Vénus debout au socle - Renoir-Guino, 1913-15

Fig. 7, p. 97 (pour la photographie du fonds Vollard du musée d’Orsay, Paris). Anonyme, Petite Vénus à la pomme sur son socle, photographie dédicacée « a [sic] Ambroise Vollard / Venus victorieuse / Renoir », vers 1913 [référence vente à préciser]

vendangeuse-guino-1913

Fig. 5, p. 60. Gervais Bougourd, Bronze de la Vendangeuse dans l’atelier du sculpteur, Paris, vers 1913, exemplaire unique non localisé © ADAGP, Paris, 2023

Les 23 septembre et 18 octobre, Vollard verse à Godard deux acomptes pour le tirage de « la grande statue » puis « [d]es grandes statues » de Guino[14] (Vendangeusecat. X, fig. 16 et sans doute Baigneuse, alors au stade de l’ébauche, cat. X et Y).

Il s’agit des deux premières grandes figures signées de son nom par Guino. Elles furent très vraisemblablement achetées par Vollard qui jamais ne les exposa : le bronze de la grande Vendangeuse aurait été vendu à Édouard Jonas, qui devint son héritier, il  n’est plus localisé aujourd’hui (voir la notice d’œuvre dans le catalogue) et la grande Baigneuse ne fut fondue qu’à titre posthume. Ces mystères laissent peu de doute sur les motivations commerciales qui animaient Vollard. Tout porte à croire qu’il a délibérément sacrifié le jeune sculpteur auquel il avait promis son soutien. 

Le 1er novembre, Guino écrit à Renoir. Il l’interroge sur le choix d’un modèle pour l’agrandissement de la Vénus et l’informe de sa venue prochaine à Cagnes[15] (fig. 17). 

Le 11 novembre, Vollard vend au collectionneur russe Morozov, en même temps qu’un tableau de Renoir, L’enfant au fouet[16], les sculptures de Guino Maternité, terre cuite, et Torse de femme nue, marbre, aujourd’hui conservées en Russie[17] (fig. X, p. X). 

Il charge Guino de patiner « la statue de Renoir » et d’en tirer un plâtre[18].

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Fig. D1. Richard Guino, Lettre à Auguste Renoir, Paris,  1er novembre [1913], recto collection privée © ADAGP, Paris, 2023

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Fig. D2. Richard Guino, Lettre à Auguste Renoir, Paris,  1er novembre [1913], verso, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

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Cat. 61, p. 116. Auguste Renoir et Richard Guino, Petite Vénus, 1913, bronze probablement tiré par Florentin Godard, collection privée
© ADER © ADAGP, Paris, 2023

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Fig. 21. Richard Guino, L’olivier double, vers 1914-1917, musée Renoir de Cagnes-sur-Mer, inv. n°77.5.7.12, don des héritiers de l’artiste
© Bernard Olivès © ADAGP, Paris, 2023

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Fig. E1. Richard Guino, Autoportrait, 1914, musée Renoir de Cagnes-sur-Mer, inv. n°77.5.7.13, don des héritiers de l’artiste
© Bernard Olivès © ADAGP, Paris, 2023,  

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Cat. 73, p. 125. Anonyme, Richard Guino, Auguste Renoir et la Grand’Louise aux Collettes, Cagnes-sur-Mer, vers 1914, photographie conservée par Guino, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

À Paris, le 28 mai, Guino règle à Godard la fonte d’un buste et d’un petit torse[26]

Guillaume Apollinaire (1880-1918) remarque à la galerie Vollard « la maquette d’une statue d’Auguste Renoir, une femme nue, du type de ses dernières peintures, qui sera une des œuvres les plus importantes du prochain Salon d’automne[27] ». 

Vollard demande à Guino de se rendre chez Renoir avec la pendule pour « la terminer chez lui[28] » puis le charge, selon le vœu du peintre, de trouver un modèle homme « ayant de la grâce féminine[29] ». 

Guino expose des dessins remarqués par Vauxcelles à la galerie Druet[30]

La grande guerre éclate le 28 juillet. Guino n’est pas mobilisé en raison de sa nationalité espagnole et poursuit son œuvre personnelle. Il continuera de se déplacer entre Paris, Essoyes et Cagnes-sur-Mer grâce à des autorisations spéciales. 

Il s’attache au thème de la femme à sa toilette (La japonaise, Femme au miroir, Deux baigneuses au miroir, cat. X et Y, fig. X, p. X), développant un nouveau projet de nu à taille humaine posé par sa compagne Eulalie Verdier (Esquisse de grande baigneuse, cat. X). 

Le frère de « Lily », Aimé Verdier, dessinateur de broderies, est fait prisonnier[31]. Des portraits de sa fille Simone, réalisés dans l’atelier de la rue Daguerre, laissent deviner la Vendangeuse en bronze, la Baigneuse encore sous ses linges, une coupe portée par trois Grâces (fig. X, p. X). 

La fillette reçoit les bons soins du jeune couple, Aimé Verdier envoie des lettres à Guino où il le remercie d’être un « papa gâteau » pour la petite Simone.

Guino se lie d’amitié avec Pierre Renoir (1885-1952), réformé après avoir été grièvement blessé[32].

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Fig. 1, p. 63. Anonyme, Eulalie Verdier tenant dans les bras sa nièce Simone, fille de son frère Aimé fait prisonnier, dans l’atelier de Guino, à d. Vendangeuse, à g. dans ses linges Baigneuse, sur une sellette Coupe aux Trois Grâces, Paris, vers 1914, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

1914

Après un séjour à Rouen avec Eulalie Verdier[19], Guino retrouve Renoir aux Collettes, qui a exprimé le souhait de créer une pendule[20]

Tandis que Renoir peint dans son atelier, Guino modèle, dans une pièce en entresol[21], la grande version de la Vénus, avec la terre glaise des Collettes[22]. Une séance de travail en commun a lieu dans le jardin (cat. X).

Rodin s’intéresse à ces créations, il rend visite à Renoir, qui dessine son portrait, tandis que Guino est envoyé à Nice pour éviter la rencontre[23]

Le 19 avril, Renoir cède à Vollard l’édition des petite et grande versions des Vénus, intégrant à leurs socles les petit et grand Jugement de Pâris ainsi que la pendule, dénommée Triomphe de l’amour[24] (cat. V à Z). Il écrit à Albert André (1869-1954) : « Je n’entends pas grand-chose à cet art [la sculpture] mais j’ai fait des progrès rapides aux dominos[25]. » 

Fig. F1. Richard Guino, Deux baigneuses au miroir, s. d. 1914, collection privée
© Alberto Ronchi © ADAGP, Paris, 2023 

Fig. G1, voir Cat. 25, p. 62. . Richard Guino, Esquisse de  grande Baigneuse, 1914, collection privée © ADAGP, Paris, 2023 

En octobre, Guino travaille en fonderie avec Godard pour suivre l’exécution des bronzes des sculptures « de » Renoir commandés par Vollard[33]. À la demande du marchand, il repart bientôt à Cagnes pour continuer à réaliser les sculptures « de » Renoir[34].

Fig. H1, voir Cat. 75 et 76, p. 127 et 128. Auguste Renoir et Richard Guino, Pendules Hymne à la vie, plâtre et bronze, 1914-1917. Vue de l’exposition Guino – Renoir la couleur de la sculpture, musée d’art Hyacinthe Rigaud, Perpignan, 2023 © APDT © ADAGP, Paris, 2023

Jugement de Pâris - Renoir-Guino, 1915

Fig. I1, voir Cat. 69, p. 121. Auguste Renoir et Richard Guino, Jugement de Pâris, 1914-1915. Vue de l’exposition Guino – Renoir la couleur de la sculpture, musée d’art Hyacinthe Rigaud, Perpignan, 2023 © APDT © ADAGP, Paris, 2023

1915

Guino coule un plâtre du grand Jugement de Pâris[35] (cat. X). Il modèle plusieurs versions d’un Buste de Pâris, avec et sans barbe, en vue de réaliser l’ensemble de la scène en ronde-bosse, un projet qui ne sera pas réalisé (cat. X et Y). 

De retour à Paris, Guino achève la grande Baigneuse, deuxième nu monumental signé de son nom. L’œuvre, sans doute l’une des « deux grandes statues » sous contrat avec Vollard, ne sera jamais exposée et seulement fondue à titre posthume[36] (cat. X).

Vollard lui télégraphie depuis Cagnes : 

« Avant de demander acheter buste Pâris désire savoir prix de votre travail[37]. »

Fig. K1, voir Cat. 26 et 27, p. 63 et 64. Richard Guino, Femme à sa toilette agenouillée, ou Grande baigneuse, 1915, plâtre patiné et bronze, vue de l’exposition Guino – Renoir la couleur de la sculpture, musée d’art Hyacinthe Rigaud, Perpignan, 2023 © APDT © ADAGP, Paris, 2023

Fig. J1, voir Cat. 78 et 79 p. 130. Auguste Renoir et Richard Guino, Bustes de Pâris, avec et sans barbe, 1915, bronzes, vue de l’exposition Guino – Renoir la couleur de la sculpture, musée d’art Hyacinthe Rigaud, Perpignan, 2023 © APDT © ADAGP, Paris, 2023

Guino modèle une nouvelle statuette de Femme à la pomme et à la draperie (cat. X) et l’ébauche de la grande Maternité (cat. X). Le grand modèle sera achevé en 1920 tandis qu’il réalisera des versions polychromées de la statuette pour Hébrard (cat. X).

Il crée en cire le premier relief Femme et enfant au miroir[38], ébauche de Vénus à sa toilette (cat. X), qui sera aussi édité par Hébrard après-guerre et décliné en grand format, bois et céramique.

Jean Renoir (1894-1979) est blessé et sa mère, Aline Renoir (1859-1915), décède après s’être rendue à son chevet.

Guino fait un don de 200 francs à la Défense nationale[39].

Renoir lui demande de le rejoindre à Cagnes pour briser sa solitude :

« Venez le plus tôt possible, seul ou avec Renée[40]. »

Nounou de Claude Renoir (1901-1969), Renée Jolivet (1885-1973) pose pour des retouches de Venus victrix[41].

Guino s’installe aux Collettes avec Eulalie Verdier[42].

Il réalise un buste de Jean Renoir[43], qui l’en remercie dans une lettre très amicale le 18 janvier suivant[44].

Fig. L1. Richard Guino, Buste de Coco et Buste de Renoir, 1913, Buste de Jean Renoir, 1915, Buste de Claude Renoir Jr et Buste de Pierre Renoir, 1916, musée Renoir de Cagnes-sur-Mer, visuels temporaires © ADAGP, Paris, 2023

1916-venus-victrix-platre-aux-collettes-recto

Fig. 17, p. 281. Anonyme, Venus victrix sous une arcade de la maison des Collettes, plâtre, 1916, collection privée © APRG

Du 13 au 16 juin, Guino se rend à Paris pour accompagner le transport d’œuvres. 

Un reçu de 10 000 francs, établi pour Vollard, précise ce qu’il a réalisé depuis novembre : Venus victrix (retouches et plâtre, version définitive, fig. 17), Pendule (variante), Buste de Vénus (terre), Buste de Pâris (variante, plâtre et terre), deux esquisses en plâtre (probablement Eau et Feu), trois Tête de Vénus en mortier et des essais de fresque[50].

1916

Le 19 février, Vollard envoie un mandat de 500 francs à Guino en le priant de tirer « une épreuve terre cuite de la Vénus et en tout cas, un plâtre[45] », expédié par parties à Godard.

Avec l’aide de Claude, Guino en tire aussi une variante, qui reste dans le jardin des Collettes[46] (fig. X, p. X).

Vollard présente, à la Triennale du Jeu de PaumeVenus victrix et le grand Jugement de Pâris, placés l’un au-dessus de l’autre à la manière de la Petite Vénus sur socle historié [47]

Jean Puy (1876-1960) lui écrit : « Matisse et Jacques Blot me vantent comme le chef-d’œuvre de l’exposition une statue de Renoir[48] » (fig. X, p. X).

Le 11 mars, Guino reçoit 1 000 francs de Vollard : « Tenez-moi bien au courant de ce que vous ferez, et recevez mes meilleurs souvenirs[49]. »

Guino réalise la statuette Renoir peignant (cat. X). Il travaille aux premiers modèles des Forgeron et Laveuse, conçus comme des allégories du Feu et de l’Eau. Renoir projette la création de portraits d’artistes, amis ou admirés, en médaillons.

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Fig. 17 bis. Annotation au verso de la main de Guino « Cagnes mai 1916 /  « Venus » statue exécuté [sic] par moi et signée par Renoir », collection privée © APRG

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Fig. M1. Auguste Renoir, Lettre à Guino, Essoyes, 23 juillet 1916, collection privée
© APRG

Guino modèle Femme à la mandoline (fig. 20). 

Il réalise le buste de sa compagne ainsi que ceux de Pierre Renoir et de son fils, Claude junior[54] (1913-1993), dont il a fait le profil en terre cuite émaillée[55] (cat. X, Y, Z).

Sa correspondance avec Renoir et ses fils est très chaleureuse.

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Fig. 18, p. 182. Richard Guino, Femme à la mandoline, vers 1916, terre cuite non localisée © ADAGP, Paris, 2023

Guino loge avec Eulalie dans la ferme des Collettes[60]

Il initie Claude, le plus jeune fils de Renoir, aux arts du feu. Un atelier de céramique a été installé sur ses conseils pour occuper l’adolescent désœuvré[61]

C’est là que Guino sculpte la grande Laveuse (cat. X), loin du regard du peintre[62].

Il dresse une liste des médaillons qu’il a exécutés entre mars et juillet, « chez Mr Renoir à Cagnes […] pour le compte de Mr Vollard » : Rodin, Cézanne avec bordure, Delacroix, Ingres, Monet, Corot sans bordure, et un « second modèle de Rodin inachevé[63] ».

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Fig. P1. Richard Guino, La ferme des Collettes, vers 1917, musée Renoir de Cagnes-sur-Mer, inv. n°77.5.7.14, don des héritiers de l’artiste © Bernard Olivès © ADAGP, Paris, 2023

Le 23 juillet, Renoir presse Guino de le rejoindre à Essoyes afin de faire, d’après une de ses études, un buste en hommage à son épouse décédée[51] (fig. 18). 

Guino lui présente une Maternité dont la vue le bouleverse[52] (cat. 86, p. 137). 

Le Buste de Madame Renoir est terminé à Cagnes (cat. X).

Pour ces commandes, passées sans l’intermédiaire de Vollard, Renoir défraye Guino avec une peinture qu’Eulalie Verdier, qui continue de tisser, transpose en tapisserie[53].

Maternité - Auguste Renoir et Richard Guino, 1916

Fig. N1, voir Cat. 86, p. 137. Auguste Renoir et Richard Guino, Maternité, ou Mère et enfant, 1916, planche de l’ouvrage Renoir sculpteur, Paul Haesaerts, 1947 © ADAGP, Paris, 2023

Durant la période de sa collaboration avec Renoir, Guino réalise de nombreux autoportraits[56] (cat. X et Y). Il dessine volontiers les paysages de Cagnes-sur-Mer, s’attachant en particulier aux arbres (fig. 21).

1917

Au cours d’un dîner avec Vollard chez Pierre Renoir, Guino dessine le portrait de Véra Sergine, son épouse[57]. Il réalise son profil en médaillon, tout comme ceux de Pierre et Jean[58].

Vollard lui écrit : 

« Cher Mons[ieur] Guino, je me suis entendu avec Mr Renoir, il n’aura rien à voir dans votre travail. C’est avec moi que vous vous arrangerez comme par le passé[59]. »

Eau, ou Grande Laveuse - Auguste Renoir et Richard Guino, 1917

Fig. O1, voir Cat. 87, p. 138. Auguste Renoir et Richard Guino, Grande Laveuse, ou Eau, 1917, planche de l’ouvrage Renoir sculpteur, Paul Haesaerts, 1947 © ADAGP, Paris, 2023

À Paris, Guino invite Pierre Renoir et Véra Sergine : « Nous nous pourléchons à l’avance en pensant au riz[64]. »

De retour à Cagnes, il travaille à la version agrandie du Forgeron, pendant de la grande Laveuse.

Fin décembre, Renoir confie à Georges Besson (1882-1971) et Albert André qu’une seule sculpture (à part les portraits de son fils Claude réalisés une dizaine d’années auparavant) peut lui être attribuée, la Petite Vénus[65]

Bien que satisfait des œuvres créées par Guino, il se sent dépassé par une production qui lui échappe. Craignant d’être floué par Vollard, qui possède l’empreinte de sa signature, Renoir souhaite mettre un terme à l’aventure.

Le 31 décembre, visite d’Henri Matisse (1869-1954) aux Collettes, qui peindra à deux reprises la Venus victrix du jardin[66].

1918

Le 7 janvier, Renoir écrit à Vollard : « Guino est un homme charmant que je ne voudrais blesser à aucun prix[67]. »

Le 12 janvier, Vollard lui répond par une lettre où il évoque la restauration des cires de de Degas. Il explique avoir reçu un télégramme de Guino : « […] disant que vous renoncez à la sculpture et me demandant s’il faut qu’il m’expédie les travaux faits […] je lui ai réglé son dernier séjour à Cagnes (les travaux des médailles et autres)[68]. »

Le 22, Guino délivre un reçu de 3 000 francs à Renoir : « pour une épreuve en plâtre peint d’un Buste de Mme Renoir (cat. X)[69]. »

Le 3 mars, Renoir cède à Vollard les droits d’édition des dernières œuvres réalisées par Guino :

« Cagnes, 3 mars 1918. J’autorise monsieur Vollard à reproduire les sculptures de moi grande femme accroupie et les médaillons de Cézanne Rodin Corot Delacroix et Ingres dont il a la propriété des modèles. Renoir ».

Renoir désigne ainsi les sculptures grande Laveuse (ou Eau) et les portraits d’artistes, oubliant son ami Monet[70].

Fig. Q1, voir Cat. 84, p. 135. Richard Guino, Delacroix, n. d. s. Renoir, vers 1917, musée d’Orsay, inv. n° AF 14329 9 © ADAGP, Paris, 2023

Pour l’ouvrage que lui consacre son ami Albert André, et qu’il a relu, le peintre explique :

« Les marchands ont du bon […]. Et puis quelquefois, ils vous obligent à faire des choses auxquelles vous ne penseriez même pas et il faut leur en savoir gré. Si j’ai essayé de faire de la sculpture, ce n’est pas pour embêter Michel-Ange, ni parce que la peinture ne suffisait plus à mon activité, mais parce que Monsieur Vollard m’y a tout doucement contraint. J’avais modelé un petit médaillon et un buste de mon plus jeune fils. Vollard m’a alors adroitement demandé de donner quelques conseils à un jeune sculpteur de talent qui exécuterait quelque chose d’après une de mes peintures. Je me suis laissé faire et de conseil en conseil, on a fait une grande statue. Mais c’est un art d’Hercule… et vous me voyez… Aussi je n’ai pas continué[71]. » 

Fig. R1. Anonyme, Photographie illustrant les médaillons « de » Renoir, Revue l’Amour de l’art, février 1924, p. 331. N.B. : les portraits d’Ingres, Delacroix et Corot furent attribués au seul Guino par le jugement de 1971 au motif qu’aucune œuvre graphique de Renoir ne soutint l’inspiration du sculpteur lorsqu’il les réalisa © ADAGP, Paris, 2023

Bien des années plus tard, lors du procès qui l’opposa aux héritiers de Renoir, Guino confiera à l’expert mandaté par la cour du TGI de Paris, Alfred Daber :

« […] une existence ainsi conçue n’était plus possible[72]. »

Fig. X. Richard Guino, Plat baigneuse aux fruits, s. n. d., vers 1915, collection particulière © ADAGP, Paris, 2023

Le jeune couple Guino-Verdier reste à Cagnes[73]. Ferdinand Deconchy (1859-1946), peintre et maire de la ville, offre à Guino la jouissance du garage de sa villa, La Bégude, pour que le jeune artiste puisse y installer son atelier[74]

Fig. X. Richard Guino, Plat baigneuse aux fruits © ADAGP, Paris, 2023

Une pratique commune de la céramique se développe avec la fratrie Renoir, impliquant compagnes et proches, ainsi que les céramistes Louis Baude (1891-1970) et Marcelle Neveu (née en 1885)[75].

[1] Renoir, 10-29 mars, Paris, Galerie Bernheim-Jeune, catalogue, 40 tableaux reproduits, préface d’Octave Mirbeau.

[2] Cagnes-sur-Mer, 2008, p. 149.

[3] Clergue 1966-1967, p. 25 ; Archives du musée Renoir de Cagnes-sur-Mer.

[4] Guino a 22 ans, Renoir 72 ans.

[5] Lettre de Mary Cassatt à Paul Durand-Ruel, Grasse, 9 avril 1913, cf White, 1985, p. 261.

[6] Dans son journal, Maurice Denis rapporte que vers janvier 1913, Durand-Ruel, principal marchand de Renoir, suggère au peintre très diminué : « Pourquoi n’avez-vous pas un jeune homme qui fasse vos peintures : vous n’auriez qu’à signer. » Il ajoute : « Il crie toujours, et se laisse faire. » Denis, 1957, II, p. 150. Renoir écrira à Albert André le 28 avril 1914 : « Tout est hasard dans la vie et quand Vollard m’a parlé de sculpture j’ai commencé par l’envoyer au diable. Mais, après réflexion, je me suis laissé faire, pour avoir pendant quelques mois une compagnie agréable. » Cagnes-sur-Mer, 2008, p. 61.

[7] Cf dans le catalogue l’essai de Pascale Picard. Témoignage de Pierre Renoir, Le Figaro Artistique, 23 octobre 1934.

[8] Ces divers portraits de Renoir son conservés au musée Renoir de Cagnes-sur-Mer, inventaire nos 64.12.2.1, 64.12.2.2, 65.10, 67.11 et 77.5.7.10.

[9] Claude Renoir, buste, terre cuite don des héritiers de Guino au musée Renoir de Cagnes-sur-Mer, inventaire n° 77.5.7.3.

[10] Cf dans le catalogue l’essai d’Élisabeth Lebon. Cahiers de compte de Florentin Godard, 29 mai 1913 et 23 juin 1913 ; Archives collection particulière / © DWP Éditions.

[11] Agenda 1913, 12 juillet, p. 127 ; Fonds Vollard, musée d’Orsay, Paris, MS 421 (5,9).

[12] Poinsot, 1913.

[13] « Vous aviez l’intention de venir à la fin du mois j’ai une chambre à votre disposition et mon mari dit que votre photographe pourra venir en même temps que vous parce qu’en ce moment l’atelier est encombré par le sculpteur et Renoir qui travaillent tous les deux » ; Lettre d’Aline Renoir à Ambroise Vollard, Essoyes, 13 août [19]13 ; Fonds Vollard, musée d’Orsay, Paris, MS 421 (2,2), p. 226.

[14] Agenda 1913, 23 septembre, p. 146 et 18 octobre, p. 164 ; Fonds Vollard, musée d’Orsay, Paris, MS 421 (5,9). Il s’agit de la Vendangeuse de Guino et probablement de la Baigneuse, nu monumental réalisé par Guino en 1914-1915. Les archives du fonds Vollard étant lacunaires, on ignore comment fut soldée la commande de Vollard, ces deux versements ayant pu suffire à régler l’unique bronze réalisé.

[15] Lettre de Guino à Renoir, Paris, 1er novembre [1913] ; Archives collection privée.

[16] Le reçu de Vollard pour Morozov est établi le 11 novembre, cf reproduction publiée par Natalia Semenova sur le site consacré à la collection Morozov, Reçus de la galerie Vollard, Chronologie, année 1913, https://www.morozovcollection.com/index.php/chronologie, consulté le 20 juillet 2021. 

[17] Paris 2021, p. 498. Ces œuvres sont aujourd’hui conservées l’une au musée Pouchkine de Moscou, l’autre au musée l’Ermitage de Saint-Pétersbourg, et présentées sur le site qui relate l’histoire mouvementée du Musée d’art moderne occidental (1923-1948) : http://www.newestmuseum.ru/data/authors/g/guino_richard/index.php?lang=fr, consulté le 21 mars 2021.

[18] Lettre de Vollard à Guino du 13 décembre 1913, qui précise « […] je compte partir dans le midi et je voudrais emporter les deux […] », cf Daber, 1969, p. 10.

[19] Carte postale d’Eulalie Verdier au couple Godard, cachet postal « 12.I.14 », Rouen ; Archives collection particulière / © DWP Éditions, (CP/11).

[20] Lettre de Renoir à Vollard, 24 janvier 1914, cf White, 2017, p. 287.

[21] « Auguste Renoir », Les Bonnes adresses du passé, Office national de radiodiffusion télévision française, film documentaire de Roland Bernard, 60 mn, 1968. Guino, interviewé dans son atelier d’Antony, évoque son travail avec Renoir.

[22] Journiac, 2013 (2), p. 63.

[23] Poulain, 1946.

[24] Johnson, 1947, p. 41 (la note 49 précise « « Courtesy of John Rewald ») et White, 1985, p. 264.

[25] Cagnes-sur-Mer, 2008, p. 61.

[26] Cahiers de compte de Florentin Godard, 28 mai 1914 ; Archives collection particulière / © DWP Éditions.

[27] Apollinaire, 1914.

[28] Lettre de Vollard à Guino, 16 juin 1914, cf Daber 1969, p. 11.

[29] Lettre de Vollard à Guino, 30 juin 1914, cf Daber 1969, p. 11.

[30] Vauxcelles, 1914, p. 4.

[31] Verdier, Aimé Ernest, Matricule 1736 ; Archives militaires de la ville de Paris.

[32] Correspondance de Richard Guino et Pierre Renoir ; Archives collection privée.

[33] « Renoir sculpteur ? », Emmanuelle Héran, Paris – Los Angeles – Philadelphie, 2009, p. 75.

[34] White, 2017, p. 286.

[35] « Sculpter par procuration ? Richard Guino et Auguste Renoir, une collaboration », conférence d’Emmanuelle Héran donnée dans le cadre de l’exposition Renoir au XXe siècle, Paris, Auditorium du Grand Palais, 4 novembre 2009.

[36] Il s’agit probablement de l’autre « grande statue » pour la fonte de laquelle Vollard a versé un acompte à Godard. Faisait-elle l’objet d’un contrat avec le marchand qui aurait empêché Guino de la fondre pour son propre compte ?

[37] Télégramme de Vollard à Guino, 12 mars 1915, Daber, 1969, p. 12.

[38] Inv. SCSRG, œ. v., n° 101, CI 2.

[39] Certificat de la Banque de France, « Versement d’or pour la défense nationale », signé, visé et daté 7 août 1915 ; Archives collection privée.

[40] White 2017, p. 318. Archives du musée Renoir, ville de Cagnes-sur-Mer.

[41] http://www.christaldesaintmarc.com/renee-jolivet-modele-de-renoir-a1009758, consulté le 1er avril 2023.

[42] Cartes postales de « Lily Guino » [Eulalie Verdier], 29 novembre 1915, Cagnes, et de Richard Guino, 11 décembre 1915, Nice, adressées au couple Godard ; Archives collection particulière / © DWP Éditions (CP/13 et CP/23).

[43] Jean Renoir, buste, plâtre, don des héritiers de Guino au musée Renoir de Cagnes-sur-Mer, inventaire n° 77.5.7.2.

[44] White, 2017, p. 243.

[45] Lettre mandat de Vollard à Guino, 19 février 1916, cf Daber, 1969, p. 12.

[46] Journiac, 2013, p. 63, note 167.

[47] Paris – Los Angeles – Philadelphie 2009, p. 307 et p. 314.

[48] Lettre de Jean Puy à Ambroise Vollard, 14 avril [1916] ; Fonds Vollard, musée d’Orsay, Paris, MS 421, (2,2). Jacques Blot (1885-1960) est un peintre, fils de l’éditeur de Camille Claudel, Eugène Blot.

[49] Lettre mandat de Vollard à Guino, 11 mars 1916 ; Archives collection privée.

[50] « Reçu de Monsieur A. Vollard […] pour les travaux […] faits chez Monsieur Renoir à Cagnes du mois de Novembre 1915 au mois de Juin 1916 » ; Archives collection privée.

[51] Lettre de Renoir à Guino, datée « 23 Juillet 1916 », cf Haesaerts, 1947, p. 28 (reproduction).

[52] Témoignage de Pierre Renoir, cf Haesaerts, 1947, p. 29.

[53] Clergue, 1966-1967, p. 24-25 ; Archives du musée Renoir de Cagnes-sur-Mer.

[54] Buste de Pierre Renoir et Buste de Claude Renoir Junior, plâtre et terre cuite, don des héritiers de Guino au musée Renoir de Cagnes-sur-Mer, inventaire nos 77.5.7.1 et 77.5.7.4.

[55] Profil de Claude Renoir Junior, médaillon en bronze, don des héritiers de Guino au musée Renoir de Cagnes-sur-Mer, inventaire n° 77.5.7.6.

[56] « Parmi la dizaine d’autoportraits connus, huit furent réalisés entre 1913 et 1918 », Gandini, 2012, p. 189.

[57] Lettre de Pierre Renoir à Richard Guino, 11 février 1914 ; Archives collection privée.

[58] Véra Sergine, Pierre Renoir, Jean Renoir, médaillons, dons des héritiers de Guino au musée Renoir de Cagnes-sur-Mer, inventaire n°s77.5.7.7, 77.5.7.8 et 77.5.7.9.

[59] Carte-pneumatique de Vollard à Guino, signée, non datée, de 1917 aux cachets de la poste, cf Haesaerts, 1947, p. 17 (reproduction) ; Daber, 1969, p. 9 (transcription) ; Héran, Paris – Los Angeles – Philadelphie, 2009-2010, p. 74 (citation).

[60] Lettre de Pierre Renoir à Richard Guino, 18 novembre 1917, cf White, 2017, p. 335.

[61] Clergue, 1963-1966, p. 56 ; Archives du musée Renoir de Cagnes-sur-Mer.

[62] Clergue, 1966-1967, p. 26 ; Archives du musée Renoir de Cagnes-sur-Mer. « Dire de Me Danet, avoué à la Cour, du 14 mai 1969 », Daber, 1969, p. 88.

[63] « Travaux exécutés pour le compte de Mr Vollard de Mars à Juillet 1917 chez Mr Renoir à Cagnes » ; Archives collection privée.

[64] Lettre de Pierre Renoir à Richard Guino, 20 septembre 1917 ; Archives collection privée.

[65] Besson, 1939, p. 41.

[66] Paris – Los Angeles – Philadelphie, 2009, p. 140 et 141.

[67] Lettre d’Auguste Renoir à Ambroise Vollard, Cagnes, 7 janvier 1918 ; Vente Paris, Aristophil, Aguttes, 23 septembre 2021, n° 217 (lettre reproduite cf catalogue p. 122).

[68] Lettre d’Ambroise Vollard à Auguste Renoir, 12 janvier 1918, Paris ; Fonds Vollard, musée d’Orsay, Paris, MS 421 (4,1), [folio 301].

[69] White, 2017, p. 314 et note 264, p. 402, « Reçu inédit, ce plâtre peint est au musée d’Orsay ».

[70] Lettre d’Auguste Renoir à Ambroise Vollard, 3 mars 1918 ; Fonds Vollard, Wildenstein Plattner Institute, https://digitalprojects.wpi.art/archive/detail/166539-march-3-1918, consulté le 30 mai 2021.

[71] André, 1919, p. 31.

[72] Daber, 1969, p. 20.

[73] C/o M. Gardineq, 29 rue Pérousin ; Archives collection privée.

[74] Correspondance de Richard Guino et Ferdinand Deconchy ; Archives collection privée.

[75] Clergue, 1963-1966, p. 56 ; Archives du musée Renoir de Cagnes-sur-Mer.

Fig. X. Richard Guino, Léda et le cygne, s. d. 1919 © ADAGP, Paris, 2023

1919-1942

SE RÉINVENTER, UNE INFLEXION DÉCORATIVE VIRTUOSE

1919

Guino commence à recevoir d’Adrien-Aurélien Hébrard (1865-1937), avec lequel il a dû signer un contrat d’exclusivité pour 5 ans, des avances pour une exposition[1]

Le 22 mars, il écrit à Godard qu’ayant trop froid à Paris, où il ne peut trouver de charbon, il est redescendu à Cagnes avec Eulalie[2]. La jeune femme décède le 30 avril de la grippe espagnole[3]. Guino réalisera Femme à la palme à sa mémoire (cat. X [vitrine plâtres]).

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Fig. X. Richard Guino, Femme à la palme, 1922, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

Le renouveau stylistique que lui impose sa situation se traduit par une nette inflexion décorative. 

Présentée par Hébrard du 18 au 29 novembre et prolongée, son exposition obtient un vif succès critique[4] et commercial[5].

Guino montre plusieurs dizaines de dessins et de statuettes en terre cuite ainsi que toutes sortes de bois taillés : rondes-bosses, reliefs, mobilier orné de décors sculptés. 

Thiébaut-Sisson publie, dans Le Temps, une recension élogieuse, évoquant un artiste « magnifiquement doué […], un sculpteur passionnément épris de la forme[6]. »

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Fig. X. Richard Guino, Femme marchant à la corbeile de fruits, 1920, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

Renoir meurt à Cagnes le 3 décembre. Ses fils placeront sur les tombes de leurs parents, à Essoyes, leurs bustes par Guino (on peut voir aujourd’hui au cimetières d’Essoyes le Buste de Renoir ainsi que les médaillons de Pierre et Jean Renoir, le Buste de Mme Renoir a quant à lui  disparu).

Le 24 décembre, l’État acquiert Abondance, un dessin de Guino à la sanguine, pour la somme de 400 francs[7].

Fig. X. Richard Guino, Femme à la corne d’abondance, 1919, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

Allégorie de l’Abondance tenant une cornucopia remplie de fruits - Richard Guino, c. 1924-25

Fig. X. Richard Guino, Plat femme à la corne d’abondance, vers 1920, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

Fig. X. Richard Guino, Maquettes de mobilier, ancienn collection d’Adèle Serrière, directrice de la galerie Hébrard, 1920, vitrine de l’exposition Guino Renoir la couleur de la sculpture, musée Rigaud, 2023, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

Fig. X. Richard Guino, Maquettes de mobilier, ancienn collection d’Adèle Serrière, directrice de la galerie Hébrard, 1920, vitrine de l’exposition Guino Renoir la couleur de la sculpture, musée Rigaud, 2023, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

Fig. X. Richard Guino, Maquettes de mobilier, ancienn collection d’Adèle Serrière, directrice de la galerie Hébrard, 1920, vitrine de l’exposition Guino Renoir la couleur de la sculpture, musée Rigaud, 2023, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

Fig. X. Richard Guino, photographie APRG © ADGAP, Paris, 2023

Fig. X. Richard Guino, Maquettes de mobilier, ancienn collection d’Adèle Serrière, directrice de la galerie Hébrard, 1920, vitrine de l’exposition Guino Renoir la couleur de la sculpture, musée Rigaud, 2023, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

1920

Fig. X. Richard Guino, Bas-reliefs Toilette de Vénus, Bacchanale, Femme et enfant à la corne d’abondance, ancienne collection de la modiste Louise Boulanger, 1920, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

Un article publié à Boston, titré « A new young sculptor in Paris », relève que Guino est aussi un remarquable tailleur de bois[8]. Pour Adèle Serrière, directrice de la fonderie Hébrard, il réalise un ensemble mobilier en chêne sculpté (cat. X, fig. X, p. X [table]). 

Elle lui envoie la modiste Louise Boulanger (1875-1950), qui a fait l’acquisition du relief Toilette de Venus (cat. X) et souhaite lui confier des aménagements intérieurs[9].

Cat. X et Y. Richard Guino, Maternité, 1920, plâtre original et bronze posthume, vue de l’exposition Guino Renoir, la couleur de la sculpture, musée d’art Hyacinthe Rigaud, 2023, collections privées © ADAGP, Paris, 2023

Guino expose cinq reliefs en bois au Salon des Artistes Décorateurs, Léda (cat. X), Abondance, Femme se coiffant [Vénus à sa toilette ? ], Femme accroupie, Bacchanale [ou Le Vin] (cat. W, X, Y, Z)[10]

Il est accueilli en villégiature à Vétheuil, chez Adèle Serrière, directrice de la galerie Hébrard qui possède la terre cuite Léda et le cygne (cat. X), et son fils Jean Serrière (1893-1968), avec lesquels les liens sont très amicaux[11].

L’ingénieur Émile Chouanard (1876-1930), directeur des « Forges de Vulcain » (grande fabrique d’outillages mécaniques), charge Guino de décorer sa cheminée d’un bas-relief en terre cuite. Il lui en achètera bientôt une autre taillée en pierre, Femme au paon, et lui confiera diverses commandes sculptées[12] (fig. X, p. X). Collectionneur et bibliophile, Chouanard devient son principal mécène et son ami[13].

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Fig. X. Richard Guino, Maternité, esquisse, avant 1920, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

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Fig. X. Richard Guino, Maternité, tirage en terre cuite émaillée, avant 1920, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

Guino termine la troisième figure monumentale signée de son nom, une grande Maternité, dont le modèle est désormais Gabrielle Borzeix (1897-1990). Il semble avoir désormais renoncé à la grande statuaire, à laquelle il ne reviendra qu’à la fin des années 1930 (commande Sir Bernard Alexander).

Fig. 22. Anonyme, Habitants du 7 rue Daguerre à Paris, posant en groupe dans la cour, de g. à d. le couple des concierges, Gabrielle Borzeix, en Ève (vêtue ! ) un serpent dans les mains, son beau-père Joseph Sander, boulanger, sa mère Mathilde Cury, blanchisseuse, et des voisins, vers 1920, Paris, retirage moderne, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

La jeune femme habite aussi 7 rue Daguerre (fig. 22), avec sa mère, Mathilde Cury, cuisinière devenue blanchisseuse, et son beau-père. Née hors mariage de Joseph Borzeix, maréchal-ferrant, elle a été élevée par sa famille paternelle à Pradines, en Corrèze. De retour à Paris, elle prend des cours de comédie et d’escrime mais sa mère la décourage de faire du théâtre, « un métier de saltimbanque ». Gabrielle Borzeix s’émancipe en devenant receveuse de tramway. 

À l’époque de leur rencontre, Guino connaît un train de vie proche de l’aisance. S’il fait poser celle qui deviendra sa nouvelle compagne, il lui impose bientôt de cesser son travail.

Fig. X. Richard Guino, Léda et le cygne, s. n. d., vers 1919, ancienne collection Adèle Serrière © ADAGP, Paris, 2023

Fig. X. Richard Guino, Femme et enfant au sein, s. d.décembre 1920, vue de l’exposition Guino Renoir la couleur de la sculpture, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

1921

Keller-Dorian consacre un article très élogieux à Guino dans L’Art et les artistes, assorti de nombreuses illustrations parmi lesquelles le bronze de la Vendangeuse, œuvre de 1913 ainsi divulguée pour la première fois[14]

Une pendule surmontée de Trois Grâces (cat. X) est présentée à l’Exposition du Décor moderne, au Palais Galliera[15], et retient l’attention du collectionneur Jacques Zoubaloff[16] (1876-1941). 

Guino participe, avec les grands sculpteurs de son temps, à l’Exposition de la Maternité et de l’Enfance au jardin d’Acclimatation[17]

Il offre à Adèle Serrière son buste et fait un dessin du bébé des gardiens de sa villa de Vétheuil (fig. 23). 

Guino poursuit une intense activité de portraitiste (Buste de la nièce de Marie Pageix, cat. X). Renouvelant le genre, il recouvre d’émaux colorés le Buste de Simone Verdier, nièce de la défunte Eulalie. 

Fig. 23. Richard Guino, Tête d’enfant endormi, le petit Cahurel, bébé des gardiens de la villa de Mme Serrière, 1921, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

Richard Guino, Tête d'enfant endormi, le petit Cahurel, fils des gardiens de la villa de Mme Serrière, 10 septembre 1921, crayon sur papier croquis, 15,5 x 13 cm, non signé, daté, cachet d’atelier, collection privée (inv. œ. g. n°1455)

Fig. 23. Richard Guino, Tête d’enfant endormi, le petit Cahurel, bébé des gardiens de la villa de Mme Serrière, s. d. 10 septembre 1921, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

Georges Rivière (1855-1943), dont Guino fit aussi le buste, publie un ouvrage sur son ami Renoir : « Jamais collaboration ne donna meilleur résultat que celle de Renoir et Guino[18].  » 

L’année précédente Vollard décrivait quant à lui le peintre, dans un livre dédié à son souvenir, « une longue baguette à la main, dictant au praticien les volumes de sa Vénus victorieuse[19]. » Jamais le marchand ne mentionnera, dans ses publications, le nom de Guino.

En juillet, Georges Besson (1882-1971) publie à son tour une critique virulente du livre de Vollard, sous-entendant qu’il ne vend pas des sculptures de Renoir, mais de Guino[20]

À l’époque, la fortune critique du jeune sculpteur permet de comprendre que son rôle dans la création des sculptures attribuées au seul Renoir était un secret de polichinelle (voir revue de presse, années 1920).

Cheminée Guino

Fig. X. Richard Guino, Cheminée Femme au paon, 1922, œuvre non localisée © ADAGP, Paris, 2023

1922

Lors de sa deuxième exposition personnelle chez Hébrard, du 24 avril au 10 mai, Guino présente des statuettes en terre cuite ou faïence émaillée, des panneaux décoratifs en divers bois, une Tête de bacchante, une Tête aux cerises en bois de gaïac (fig. X, p. X, fig. 24), un plateau de guéridon en ébène avec, en son centre, une Femme aux raisins (cat. X), la cheminée La femme et le paon (cat. X), des fresques, la grande Maternité en plâtre (cat. X)[21]

Fosca admire la variété de ses œuvres et Thiébault-Sisson, « l’infinie souplesse de ses aptitudes et de ses moyens décoratifs ». René-Jean rappelle qu’il a été le « collaborateur » de Renoir[22] quand Janneau s’enthousiasme pour la Maternité[23], « qui pourrait bien être un chef-d’œuvre ».

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Cat. X. Richard Guino, Les Raisins, 1921, terre cuite, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

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Cat. X. Richard Guino, Les Raisins, 1921, biscuit Sèvres, musée national de la Céramique, inv. MNC 17485 © ADAGP, Paris, 2023

Une longue collaboration commence avec la Manufacture de Sèvres : Les Raisins (cat. X) et Femme au paon (cat. X) sont acquis par l’État, pour la somme de 1 000 francs, afin d’être édités en grès et biscuit[24] – des modèles que le sculpteur reste libre d’éditer en bronze. 

Au Salon du mobilier et de la décoration d’intérieur, Guino présente Femme assise au paon, terre cuite mi-patinée mi-émaillée[25] (cat. X). 

Fig. 23. Richard Guino, Têtes aux cerises, plâtre, original en bois de gaïac, vers 1922, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

Fig. 23. Richard Guino, Femme à la grappe de raisin et à la corbeille de fruits, 1922, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

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Cat. X. Richard Guino, Femme au paon, 1922, biscuit Sèvres, musée national de la Céramique, inv. MNC 17357 © ADAGP, Paris, 2023

Le 7 août, Gabrielle Borzeix donne naissance à Georges. Il a pour parrain le ferronnier d’art Adalbert Szabó (1877-1961), dont Guino fait le buste[26]. Le jeune père dessine des portraits de son fils au sein et en tire des reliefs découpés en faïence émaillée (cat. X). 

Il expose au Salon d’Automne[27] le plâtre Mère et enfant (ou grande Maternité) et Femme à la corbeille de fruit, terre cuite, remarqués par Vauxcelles[28].

Guino retourne travailler à Cagnes, disposant toujours d’un atelier à La Bégude et du four des Collettes[29].

Pot à la branche de cerisier - Richard Guino, 1922

Fig. 23. Richard Guino, Pot à la branche de cerisier, s. d. 14 juillet 1922, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

Fig. 23. Richard Guino, Cheminée femme au paon, 1922, plâtre, collection privée par descendance © ADAGP, Paris, 2023

1923

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Fig. X. Affiche de la 1e Exposition internationale biennale des arts décoratifs, Milan-Monza, mai-octobre 1923, bibliothèque du musée des Arts décoratifs, cote CE 526

Le 29 janvier, l’État commande à Guino la grande Maternité en terre cuite[30].

Au Salon des Artistes Décorateurs, Guino présente le Centaure (cat. X) et une Femme au miroir (cat. X)[31].

Il renoue contact avec sa Catalogne natale en participant à l’exposition de Printemps de Barcelone[32], où il montre Femme à la corbeille de fruits et la grande Maternité, puis à l’Exposition internationale du meuble et de la décoration d’intérieur[33], Les Raisins[34]. Le salon est inauguré le 13 septembre, jour du coup d’état, qui ouvre une ère de dictature militaire en Espagne.

La Manufacture de Sèvres a précédemment envoyé Les Raisins à la première Exposition internationale des arts décoratifs de Milan-Monza[35].

Guino présente ce groupe au Salon des Tuileries, ainsi que le bronze Femme à la grappe de raisins (cat. X), la terre cuite Femme aux roses et une vitrine de sculptures[36].

Il participe au salon des Arts Appliqués du musée Galliera et montre peintures et dessins à la galerie Devambez[37].

Un grand article lui est consacré par Vaudoyer dans la revue Art et décoration, qui reproduit notamment Femme à la grappe de raisin et à la corbeille de fruits, légendée Figure pour une fontaine – une sculpture « prête à accepter la collaboration directe des éléments (la pluie, le vent, le soleil) et le voisinage de la terre, des arbres et du ciel[38] ».

Vase avec anses en grappes de raisin - Richard Guino, c. 1920
Cat. X. Richard Guino, Vase aux anses en grappe de raisin, vers 1920, collection privée © Jean-Louis Losi © ADAGP, Paris, 2023
Automne, ou Femme à la grappe de raisin et voile - Richard Guino, 1925

Cat. X. Richard Guino, Femme à la grappe de raisin ou L’Automne, vers 1923, chef-modèle, bronze, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

Cat. X. Richard Guino, Femme à la grappe de raisin ou L’Automne, vers 1923, chef-modèle, bronze, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

La joaillerie new-yorkaise Tiffany demande à Guino des épreuves en bronzes de La Vigne (ou Les Raisins) et souhaite des fontes au sable. Tenu par ses engagements avec Hébrard, Guino propose des cires perdues et le projet n’aboutit pas[39].

Son fondeur et galeriste finance la location d’un atelier de céramique à Montigny-sur-Loing, pour qu’il puisse y préparer sa troisième exposition personnelle[40]. Présentée jusqu’au 22 novembre, elle est principalement composée de terres cuites et faïence émaillées.

Pinturrichio évoque « l’enchanteur Guino[41] » et Thiébaut-Sisson note qu’avec ses émaux, Guino fait « vibrer la lumière sur les nus comme dans une peinture[42] ». Il mentionne la Femme au paon (cat. X [Femme agenouillée au paon]), le vase rouge-brun aux anses en grappes de raisin (cat. X), la Pomone émaillée (cat. X [Femme à la corbeille de fruits]).

Fig. X. Richard Guino, Tête de Bacchus, s. d. 1924, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

1924

Fig. X. Richard Guino, Tête de jeune femme aux capucines, s. d. 1924, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

Dans un article consacré à Hébrard, paru dans La Renaissance de l’art français et des industries de luxe en janvier, Guino, qui « renouvelle l’art des Robbia », est présenté élogieusement parmi Desbois, Bourdelle, Joseph Bernard, Pompon, Henri Cros, Husson, Metthey, Jean Serrière, Marinot[43].

Il est par contre à peine mentionné dans un article de la revue L’amour de l’art où Waldemar-George présente « l’œuvre sculpté de Renoir[44] ». 

Guino participe au Salon des Artistes Décorateurs avec des bois, des œuvres émaillées, des terres cuites et un bronze, dont les pendules Trois Grâces (cat. X) et Femme à la corne d’abondance, statuette mi-émaillée mi-patinée[45] (cat. X).

Il expose au musée des Arts décoratifs, qui fait l’acquisition de la terre cuite Jeune femme au tambourin[46].

Guino s’engage avec le fabricant-éditeur Louis Paignant (1883-1953), repreneur de l’« Ancienne Maison Colin ». Un contrat est établi en octobre[47] pour la pendule Femme et enfant aux guirlandes de fruits (cat. X), suivront Femme à la palme (cat. X), Femme à la grappe, ou Automne (cat. X), Femme et enfant aux fruits (cat. X), deux têtes d’enfants, Femme au tambourin, Vierge à l’enfant. Guino laisse régulièrement des œuvres en dépôt à la galerie Colin.

Le 17 octobre naît Claude, deuxième fils du couple. Son parrain, le maître-verrier et céramiste Auguste Heiligenstein (1891-1976), met le four à gaz de son atelier à la disposition de Guino pour la cuisson de ses céramiques[48].

En novembre, Guino participe à l’exposition Dessins et peintures de sculpteurs de la maison Barbedienne[49].

Fig. X. Richard Guino, Pendule aux guirlandes, s. d. 1924, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

1925

Au printemps, Guino envoie des sculptures au Salon des Tuileries[50]. Présent à la grande exposition des Arts décoratifs qui se tient du 28 avril au 25 octobre, il remporte une médaille d’argent dans la classe 27 (arts du jardin) et deux diplômes d’honneur dans les classes 10 (art du métal) et 11 (art et industrie de la céramique)[51]

Il continue de se rendre à Cagnes, parfois avec femme et enfants, pour ses « projets de céramique » avec Deconchy. Il envoie une Femme au miroir à la 4e Exposition d’art français contemporain au Japon[52]

Le 7 août, il règle à Attilio Valsuani la fonte et la patine d’un bas-relief[53]. Le 28, un article annonce que Vollard offre un bronze du Médaillon de Cézanne à la ville d’Aix-en-Provence, qui a renoncé au monument commandé à Maillol[54]. Celui-ci y avait longuement travaillé, sans doute avec l’aide de Guino, comme en témoignent des croquis de son carnet (cat. X) et plusieurs dessins (Femme allongée à la draperie, cat. X, fig. 7 bis). 

Guino se lie au marchand André Fau (1896-1982), créateur avec Marcel Guillard (1896-1983) de l’Atelier de céramique d’art de Boulogne, qui édite Vierge, Femme au tambourin et Femme au paon[55] (cat. X). Le 11 novembre 1925, il obtient la nationalité française[56].

Maquette d’affiche « Exposition internationale des Arts Décoratifs et Industriels modernes. Paris 1925 », René Prou (affichiste), 1925

Fig. X. Affiche exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes Paris 1925

1926

Guino participe au Salon des Tuileries[57] et présente au SAD la faïence Femme et enfant aux fruits[58] (cat. X). Ce modèle fait l’objet, ainsi que L’Automne (cat. X) et la pendule Femme et enfant aux guirlandes de fruits (cat. X), de nouveaux contrats avec la Manufacture de Sèvres[59].

Le 1er mai, devenu français, Guino épouse sa compagne, Gabrielle Borzeix.

Deconchy lui annonce la vente de La Bégude, précise que cela ne signifie pas l’abandon de leurs projets et lui envoie mille francs pour « l’aider à venir » à Cagnes-sur-Mer[60].

Fig. X. Richard Guino, Plâtres de modèles créées dans les années 1916-1938, collection privée – Vitrine de l’exposition Guino – Renoir, la couleur de la sculpture © ADAGP, Paris, 2023 – Photo Ville de Perpignan, Musée d’art Hyacinthe Rigaud/P. Marchesan 

Décor sculpté Guino lit Chouanard 1927

Chouanard lui commande un décor sculpté en bois de citronnier pour un fond de lit[61] (fig. X, p. X).

Naissance le 28 septembre de Michel, troisième enfant, qui a pour marraine Aline Cézanne, petite-fille du peintre et filleule de Vollard.

Un grand article consacré par Janneau aux « majoliques de Richard Guino » paraît dans la revue Céramique et Verrerie. Quatre sculptures en faïence émaillée et une peinture, où Guino a représenté l’un de ses vases, y sont reproduites. Guino déclare :

« À la vérité, ce qui constitue l’objet de mes recherches, c’est de donner une possibilité de plus à la sculpture. J’aime la beauté d’une matière plastique rehaussée de couleurs[62]. »

Dans son ouvrage L’escultura catalana moderna, Feliu Elias (1878-1948) fait l’éloge du sculpteur Ricard « Guimó » et de la Maternité monumentale présentée à Barcelone en 1923, « œuvre extraordinairement belle et parfaite[63] ».

Paul Cézanne Junior (1872-1947), ami de longue date, invite la famille Guino pour les fêtes de Noël[64].

1927

Au SAD, Guino montre la pendule Femme et enfant aux guirlandes de fruits, reproduite par Henriot[65].

Il développe une ample série de reliefs découpés, des profils d’enfants en grès ou en faïences émaillées de couleurs vives (cat. X à Z), parmi lesquels les portraits de son fils Claude (cat. X) et de Paul, fils de Claude Renoir[66] (cat. X).

Entre 1925 et 1929, Guino modèle ou taille une douzaine de plaquettes destinées à orner les livres de Chouanard, reliés par Georges Cretté (1893-1969). En ivoire, bois précieux, ébène, argent ou terre cuite émaillée, ces reliefs, d’une grande finesse d’exécution, sont parfois accompagnés des dessins ayant présidé à leur composition[67] (fig. 25).

Daphnis et Chloé - Richard Guino, c. 1925

Fig. X. Reliure de Cretté – Plaquette en ivoire de Guino – 13 x 18,5 cm, collection privée © ADAGP, Paris, 2023 © photo documentation musée d’Orsay, Paris

Fig. X. Richard Guino, Profils d’enfants, années 1927-1934, collection privée – Vitrine de l’exposition Guino – Renoir, la couleur de la sculpture © ADAGP, Paris, 2023 – Photo Ville de Perpignan, Musée d’art Hyacinthe Rigaud/P. Marchesan 

1928

Guino entre en conflit avec l’Atelier de céramique d’art de Boulogne pour non-respect de sa propriété intellectuelle[68]. Il commence à travailler avec Susse Frères, qui éditera rondes-bosses et reliefs, en bronze ou terre cuite, durant de nombreuses années[69] : Enfant à l’écureuil (cat. X), les reliefs découpés Enfant à la pomme, Enfant au chapeau, Enfant au cerceau et l’Idylle, une statuette aussi déclinée en plaquette d’étain, qui reprend une composition du début des années 1910 (cat. X [vitrine plâtres]). Le 4 septembre, le Conseil général de la Seine acquiert une assiette médaillon céramique[70].

1929

Guino, qui donne des cours de dessin et de peinture à Chouanard, le retrouve pour un voyage d’agrément sur la côte méditerranéenne[71]. Au SAD est exposée une vitrine de céramiques et bois sculptés[72], qui lui vaut une médaille d’argent[73]. Deux peintures sont montrées au Salon des Indépendants[74]. Guino réalise faire-part et plaquettes céramiques pour la communion de Jean-Pierre Cézanne[75]. À la galerie Hector Brame, il montre les dessins et plaquettes qu’il a créés pour les livres de Chouanard[76]. La brochure reproduit le relief en ébène La Mort de Venise et celui en ivoire des Fables de La Fontaine. On peut y lire une citation du Renoir de Georges Rivière, évoquant l’excellence de la collaboration entre les deux artistes. L’Intransigeant informe que « Guino est le sculpteur qui aida Renoir à sculpter cette « Vénus », l’un des plus magnifiques monuments de la statuaire française[77] ». Dans Fémina sont reproduits le Buste de Michel Guino et la sanguine d’une fillette, Mlle Lafond[78]. Guino participe au XIe concours du musée Galliera, il est récompensé d’une médaille dans la catégorie « art et mobilier religieux moderne » pour une Vierge à l’enfant, reproduite par Varenne[79] et louée par Fosca[80], tandis que Charnage remarque Automne, taillé dans l’ébène[81]. Répondant à l’instance de Heiligenstein, Guino participe au Salon des Artistes Français (SAF), dont il devient sociétaire. Les deux amis réalisent ensemble divers vitraux et une verrière décorative, Sarah Bernhardt dans le rôle de Lady Macbeth[82]. Guino expose chez Colin mais la crise se fait ressentir, Paignant lui écrit : « Les affaires sont exceptionnellement mauvaises[83]. »

1930

Guino participe au SAF avec des céramiques, les lithographies Femme aux fruits, Portrait du peintre Auguste Renoir (cat. X) et la peinture Femme à la glace, obtenant récompense et prime[84]. Il s’adresse à la Manufacture de Sèvres pour la réalisation de la grande version de Maternité, intitulée Mère et enfant. Georges Lechevallier-Chevignard (1878-1945), directeur, lui écrit que « cet essai technique [l]’intéresserait beaucoup[85] », un accord est conclu. Cependant Guino constate que les moules qu’il devait fournir ayant été lavés au savon, comme cela se pratique pour couler du plâtre, ils sont devenus inutilisables par Sèvres. La Manufacture ne peut assumer le coût d’une nouvelle fabrication et le projet avorte[86]. Guino fait le buste de Jacotte, fille de Paignant (cat. X, fig. X p.X). Deux expositions se suivent à la galerie Jean Charpentier[87], où il montre ses dessins, sculptures et céramiques, aux côtés d’Heilingstein, de son épouse Odette Chatrousse (1896-1989) et de Georges Serré (1889-1956). Cette exposition collective donne lieu à une recension du International Herald Tribune[88]. Émile Chouanard meurt le 6 décembre. Des verres peints réalisés par Guino et Heiligenstein orneront sa chapelle funéraire[89].

1931

Guino sollicite, pour approfondir ses recherches, un stage de trois mois à l’atelier de faïence et grès de la Manufacture de Sèvres, dirigé par Louis Delachenal (1897-1966)[90]. Il présente deux sculptures au Salon des Indépendants[91] et obtient une médaille d’argent dans la section Arts Décoratifs[92]. Au SAF, il montre les lithographies Enfant pleurant et Enfant au sein[93]. Paignant le remercie pour le « don inattendu » de deux terres cuites représentant ses neveu et nièce. Il lui confirme que les affaires vont toujours mal mais lui propose bientôt un nouveau contrat[94]. Vollard offre, « pour orner une de ses places ou un de ses jardins », un bronze de Venus victrix à la Ville de Paris, qui accepte cette « très belle statue de bronze, œuvre de Renoir[95] ».

1932

La Manufacture de Sèvres édite un plat à décor central représentant Adam et Ève et le buste Enfant à la pomme[96]. Par le biais de son ami le peintre Roger Bréval (1883-1967), Guino noue des liens dans le Beauvaisis avec le céramiste Charles Gréber (1853-1935), directeur de la Manufacture de grès de Beauvais, dont la réputation est internationale. Il fait à la sanguine le portrait de l’artiste et abbé Antoine Alphonse Van Hollebeke (1854-1949)[97]. Guino participe avec des étains au concours du musée Galliera Les métaux dans l’art. Il expose deux lithographies au SAF et reçoit une médaille d’or dans la section gravure[98]. Il fournit à l’Art catholique, place Saint-Sulpice à Paris, le relief l’Ange à l’hostie et le groupe Vierge et Enfant. Guino réalise faire-part[99] et plaquettes céramiques pour les fiançailles de Bernard Gobert et d’Aline Cézanne, dont il fait le buste[100] (fig. 26).

1933

Il participe au SAF avec des lithographies remarquées par Kunstler[101]. Dans la section sculpture, il expose des têtes d’enfants en étain, et dans la section arts appliqués, des objets d’art en bois, étain et céramique, qui lui valent une médaille d’or[102]. L’État annule sa commande de la grande Maternité pour « retard excessif[103] ». Le 18 mai naît Eveline, première fille et quatrième enfant. Guino expose des biscuits, avec un groupe d’artistes réunis par la Manufacture de Sèvres, à la Maison de France[104]. Le journal Beaux-Arts recense une exposition collective réunissant les artistes de la galerie Hébrard : « Les terres cuites de Guino, petites de proportion, ont la souplesse et l’élan de la jeunesse. Chacune de ses œuvres est une image du bonheur[105] » écrit Moutard-Uldry, qui illustre l’article avec Femme à la corbeille de fruits[106].

1934

Guino s’adresse à Susse pour la fonte à cire perdue de son grand groupe Maternité (cat. X), dont il vient personnellement réparer la cire en fonderie[107]. Il l’expose au SAF et reçoit la médaille d’argent de la section sculpture[108]. Guino développe ses activités de céramiste avec Pierre Gréber (1896-1964), qui a repris la direction de la Manufacture de Beauvais. Il séjourne régulièrement à Rainvillers, où il loue une maison de vacances[109]. Il réalise une République en buste, dont il offre un tirage à la commune[110], ainsi qu’à celle d’Ons-en-Bray, dédicacé à son maire et ami Jules Bouché[111]. Directeur de l’usine des Tuileries de Beauvais, Bouché ouvre l’atelier de moulage à Guino, qui fait son buste[112]. Vollard organise la seule exposition qu’il consacrera à l’« œuvre sculpté de Renoir » où il présente : « Vénus victorieuse, Grande baigneuse, Buste de Pâris, Jugement de Pâris, Petite Vénus, Petite baigneuse, Forgeron, les médaillons de Cézanne, Rodin et Monet, Maternité[113] ». Guino prend contact avec lui[114], on ignore le sens et les suites de cette démarche.

1935

Guino participe à l’exposition de peintures de Juliette Cambier (1879-1963), galerie Marcel Bernheim[115], avec la monumentale Maternité et des profils d’enfants (cat. X, Y, Z), « sortes de bas-reliefs découpés très séduisants » peut-on lire dans la presse[116]. Thiébault-Sisson écrit quant à lui : « […] On voit là de remarquables bronzes de Guino, qui fut le collaborateur de Renoir […]. Une Maternité aux dimensions de la nature et des têtes exquises d’enfants sont des morceaux de choix[117]. » Une photographie du grand bronze est publiée par Beaux-Arts[118]. Guino expose des lithographies et des sculptures au SAF[119]. La Direction des Beaux-Arts lui commande deux bas-reliefs destinés au Pavillon de la ville de Paris pour l’Exposition universelle de Bruxelles, Femmes aux fleurs et Femmes aux fruits (cat. X et Y)[120]. En novembre, il est élu au Comité du Syndicat des Artistes décorateurs[121].

1936

À l’Hôtel Drouot, Me Henri Baudoin disperse les « Beaux livres illustrés modernes » de Chouanard[122]. Guino présente au SAF les dessins Mes trois garçons, et une lithographie, Portrait du poète Philéas Lebesgue[123]. Il participe à une exposition consacrée par le musée de Beauvais au poète, cultivateur et savant, dont il a aussi réalisé le portrait à l’huile[124]. En août, Guino dessine ouvrier et ouvrière au travail dans l’usine des Tuileries de Beauvais[125]. Le 28 septembre naît Jean, cinquième enfant. Il sera baptisé par Van Hollebeke.

1937

Guino réalise pour la façade du Pavillon du Mobilier de l’Exposition Universelle de Paris une « ronde-bosse formant bas-relief polychromé »[126]. Selon la critique, ce décor est « osé mais présente des recherches intéressantes par les formes et les proportions et annonce une conception nouvelle de la sculpture dans l’architecture[127] ». Venus victrix, « superbe déesse de bronze[128] », est aussi présentée à l’Exposition. Guino montre des céramiques au SAF[129] et participe à l’exposition Portraits, Sites et Monuments de la Région de l’Oise au musée Condé de Chantilly[130]. Sir Bernard Alexander, ami fortuné des Cambier, le charge d’une vaste commande pour la St Teresa Church à Princes Risborough[131], au Royaume-Uni, où Guino se rend en juillet[132]. Il réalise trois figures monumentales, Sainte-Thérèse, Vierge à l’enfant et Christ, ainsi qu’un grand bas-relief pour l’autel. La sainte est posée par Françoise Huille, fille d’un ami de Guino à Rainvillers. Le céramiste Pierre Gréber cuit les pièces à Beauvais. Vollard fait paraître Souvenirs d’un marchand de tableaux, il évoque les sculptures « La Laveuse, Le Triomphe de Vénus, Le Jugement de Pâris » sans mentionner Guino[133].

1938

Avec Henri Gréber (1855-1941), Guino expose des sculptures au musée de l’Oise. Il y dépose la lithographie Portrait du poète Philéas Lebesgue[134]. Au SAF, il obtient la médaille d’or de la section sculpture avec Sainte-Thérèse de Lisieux, plâtre[135]. Il montre un relief émaillé, le panneau d’autel figurant le repos de la sainte, au Salon des Arts appliqués. Robert Doisneau (1912-1994) photographie Guino en train de tailler un Christ en croix dans son atelier[136] (fig. 27).

1939

Guino participe au SAF, il expose des sculptures en grès au Salon des Arts Appliqués, recensées par Métiers d’art : « Se jouant des difficultés de l’inédit, il a su réaliser, cette année, des grès salés aux tons inattendus ; des émaux stannifères recouvrant ses objets, coupes ou vierges, en sont la grande révélation. Une note grave où l’art surpasse la matière[137]. » Ambroise Vollard meurt dans un accident de voiture le 22 juillet[138]. Le 23 août, Guino reçoit 18 000 francs de Bernard Alexander pour une Sainte-Thérèse et un Christ.

1942

Guino présente une sculpture au SAD et au SAF, une lithographie et des céramiques très personnelles, qui lui valent une médaille d’honneur[139] (Vases en forme de coloquinte avec couvercle, cat. X et Y).

Fig. 23. Richard Guino, Enfant à l’écureuil, s. d. 1932, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

[1] Cahier de comptes Hébrard tenu par Guino, 1919-1925 ; Archives collection privée.

[2] Carte postale de Guino au couple Godard, 22 mars 1919, Cagnes ; Archives collection particulière / © DWP Éditions, (CP/26).

[3] Journiac, 2013, p. 71. Guino fait l’acquisition pour la sépulture d’Eulalie Verdier d’une concession perpétuelle au cimetière de Cagnes-sur-Mer ; Archives collection privée.

[4] Le Temps, 3 déc. 1919. Le Figaro, 3 déc. 1919. Comœdia, 13 déc. 1919.

[5] Cahier de comptes Hébrard tenu par Guino, 1919-1925 ; Archives collection privée.

[6] Thiébault-Sisson, 1919. En l’absence de livret d’exposition ou de photographies, l’article livre une description des œuvres exposées.

[7] Achat dessin sanguine Abondance, Arrêté́ du 24 décembre 1919, Paiement le 12 janvier 1920 ; Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine, F/21/4218/Dossier75, Guino, Richard.

[8] The Christian Science Monitor, Boston, 5 jan. 1920.

[9] Lettre d’Adèle Serrière à Richard Guino, 7 janvier 1920 ; Archives collection privée.

[10] Paris, 1920, p. 64, n° 114.

[11] Correspondance de Richard Guino avec Adèle et Jean Serrière (1919-1925) ; Archives collection privée. Cf dans le catalogue l’essai d’Antoinette-Le Normand Romain.

[12] Berthelot, 1921, p. 549.

[13] Correspondance de Richard Guino avec Émile Chouanard (1920-1929) ; Archives collection privée.

[14] Keller-Dorian, 1921, p. 195-199. Œuvres reproduites : Jeunes filles jouant (groupe plâtre), Le Vin, bas-relief en bois, La corne d’abondance (maquette en plâtre d’un bas-relief qui sera réalisé en bois), Léda (groupe plâtre), Étude de nu (dessin), La femme aux raisins (bronze).

[15] Paris, 1921, p. 16, n° 164.

[16] Lettre d’Adèle Serrière à Richard Guino, 12 mai 1921 ; Archives collection privée.

[17] Avron, 1921, p. 2.

[18] Rivière, 1921, p. 252

[19] Vollard, 1920, p. 274.

[20] Besson 1921, reproduit in Morel, 2007, p. 406.

[21] Thiébault-Sisson, 1922, p. 2 ; Catroux, 1922, p. 68 ; Fosca, 1922, p. 71-74.

[22] René-Jean, 1922, p. 2.

[23] Janneau, 1922, p. 405-407.

[24] Achat de deux modèles destinés à être reproduits en biscuits de Sèvres, Arrêté du 4 septembre 1922, Paiement le 20 janvier 1923 ; Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine, F/21/4218/Dossier76, Guino, Richard. Correspondance de Guino avec la Manufacture nationale de Sèvres, 1920-1964 ; Archives collection privée. Lechevallier-Chevignard, 1922, p. 3‑11.

[25] Gandini, 2012, annexes, chrono-biographie, p. 2.

[26] Vente du 15 avril 2005, Paris, Drouot, Lombrail-Teucquam, lot n° 169, Tête du ferronnier [S]zabo, terre cuite, signés, datée.

[27] Sanchez, 2006, II, p. 644.

[28] Vauxcelles, 1922, p. 1

[29] Journiac, 2013, p. 71.

[30] Commande d’une terre cuite, Maternité, « au prix de 10 000 F payable en plusieurs exercices », Arrêté du 29 janvier 1923 ; Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine, F21/4218/Dossier77/Guino.

[31] Gandini, 2012, annexes, chrono-biographie, p. 3.

[32] « Artistes catalans de Paris », Exposició d’Art, Barcelona 1923, Cataleg, oficial, Barcelone, Heinrich i Ca, 1923, nos 385 et 386, p. 56.

[33] Catalogue https://ddd.uab.cat/pub/llibres/1930/191260/expintmob_a1923.pdf, consulté le 28 février 2023 (la liste des œuvres mentionnées par la Manufacture de Sèvres n’est pas précisée).

[34] Minute d’un courrier adressé à Guino, 17 avril 1923 ; Archives Manufacture nationale de Sèvres,

[35] Biennale internazionale d’arte decorativa Milan-Monza (1ère Exposition internationale biennale des arts décoratifs), mai-octobre 1923. Le groupe céramique de Guino Les Raisins (1921) illustre la couverture.

[36] Sanchez, 2007, p. 349.

[37] Sanchez, 2009.

[38] Vaudoyer, 1923, p. 57-60.

[39] Correspondance de Guino avec Tiffany & Co et Adèle Serrière, juillet 1923 ; Archives collection privée.

[40] Cahier de comptes Hébrard tenu par Guino ; Archives collection privée. Lettre de l’épouse du céramiste Louis Baude, installé à Montigny-sur-Loing, à Richard Guino, 2 juillet 1923 ; Archives collection privée.

[41] Pinturrichio, 1923, p. 10.

[42] Thiébault-Sisson, 1923, p. 4.

[43] N. s., 1924, n. p.

[44] Waldemar-Georges 1924, p. 329‑336.

[45] Brunhammer, 1990.

[46] Archives du musée des Arts Décoratifs, Paris, inv. n° 24 070.

[47] Lettre de Louis Paignant à Richard Guino du 2 octobre 1924 ; Archives collection privée.

[48] Entretien de René Boulé avec Auguste Heiligenstein, 24 novembre 1974, « […] habitant 255 bd Raspail, je lui ai cuit toutes ses œuvres, nous étions presque voisins et nous devînmes très liés » ; Archives collection privée.

[49] La Semaine à Paris, Paris-guide…, Rubrique Art, 28 nov. 1924, p. 63

[50] Sanchez, 2007.

[51] Liste des récompenses / Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, Paris, 1925, p. 67, p. 75, p. 143.

[52] Exposition d’Art Français contemporain au Japon, Bulletin de l’Art français et japonais, 1925, documentation du musée Bourdelle.

[53] Facture du 7 août 1925, collection privée.

[54] « Pont des Arts », Excelsior, 28 août 1925. L’art et les artistes, octobre 1925, p. 69.

[55] Gandini, 2011, p. 68.

[56] Décret de naturalisations du 11 novembre 1925, BB/34/455 document 96 ; Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine.

[57] Gandini, 2011, p. 83.

[58] Minute d’un courrier adressé à Guino, 25 mai 1926 ; Archives Manufacture nationale de Sèvres. René Chavance, « La céramique d’Art », Les échos des industries d’art, n° 10, mai 1926.

[59] Contrats des 25 juin et 25 juillet 1926 ; Archives de la Manufacture de Sèvres.

[60] Lettre de Ferdinand Deconchy à Richard Guino, 17 mai 1926 ; Archives collection privée.

[61] Lettre d’Émile Chouanard à Richard Guino, 4 août 1926 ; Archives collection privée.

[62] Janneau, 1926, p. 444.

[63] Elias, 1926-1828, p. 103-104. Dans son ouvrage, Feliu Elias présente Maternité en tant que marbre. S’agit-il d’une confusion avec le plâtre ou bien Guino aurait-il taillé sa grande figure dans le marbre et l’œuvre restée en Espagne ?

[64] Lettre de Paul Cézanne, fils du peintre, à Richard Guino, 23 décembre 1926 ; Archives collection privée.

[65] Henriot, 1927, p. 60.

[66] Profil de Paul Renoir, grès, don des héritiers de Guino au musée Renoir de Cagnes-sur-Mer, inventaire n° 77.5.7.5.

[67] Vente Me Henri Baudoin, 18 mars 1936, Paris, Hôtel Drouot, Beaux livres illustrés modernes provenant de la Bibliothèque de M. Émile Chouanard. Vente Me René Boisgirard, 15 février 1945, Paris, Hôtel Drouot, salle 9, Très beaux et importants livres illustrés modernes – reliures mosaïquées de Pierre Legrain, Cretté, Lanoë – Éditions originales – Dessins originaux. Vente Pierre Bergé et Associés, 11-13-14 février 2018, Paris, Hôtel Drouot, salle 7, Collection d’un bibliophile livres & manuscrits précieux 1478-1977 – Reliures remarquables – Curiosités typographiques – Manuscrits décorés.

[68] L’intervention du Syndicat de la propriété artistique permettra à Guino d’obtenir la résiliation du contrat d’édition qui le liait à Fau le 29 septembre 1936 ; Archives collection privée.

[69] Correspondance et relevés de droits d’auteur, 1928-1949 ; Archives collection privée.

[70] Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 4 septembre 1928, p. 3692. L’assiette, avec en son centre un médaillon représentant deux danseuses affrontées, est conservée au Musée d’Art moderne de la ville de Paris, inventaire AMOA512.

[71] Lettre d’Émile Chouanard à Richard Guino, Cannes, 18 janvier 1929 ; Archives collection privée.

[72] Société des artistes décorateurs, catalogue du 19e salon, du 7 mai au 7 juillet 1929, Paris, Grand Palais des Champs-Elysées, p. 57.

[73] Comœdia, 26 mai 1929, p. 3.

[74] Catalogue de la 40e exposition au Grand Palais des Champs-Élysées du 18 janvier au 28 février, Société des artistes indépendants, 1929, p. 170.

[75] Dessins et plaquettes céramiques, collections privées. Lithographie conservée au Département des estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France ; Inventaire du fonds français après 1800, t. X, par Jean Adhémar, Jacques Lethève, Françoise Gardey, Paris, Bibliothèque nationale, 1958, p. 52-53.

[76] Exposition de dessins et plaquettes pour reliure, Paris, Galerie Hector Brame, du 10 au 29 juin 1929 ; Archives collection privée.

[77] « Les arts », L’Intransigeant, 16 juin 1929.

[78] « Les œuvres de M. R. Guino », Fémina, décembre 1929, p. XLVIII.

[79] Varenne, 1929, p. 472.

[80] Fosca, 1929, p. 474.

[81] S.-B. de Charnage, « Au Musée Galliera », La Croix, 24 décembre 1929, p. 3.

[82] « POP (PLATE-FORME OUVERTE DU PATRIMOINE) », PATRIMOINE MOBILIER (PALISSY), NOTICE IM57001592.

[83] Lettre de Louis Paignant à Richard Guino, 26 novembre 1926 ; Archives collection privée.

[84] « Courrier des arts », Le Figaro, 25 mai 1930. Lithographies conservées au Département des estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France ; Inventaire du fonds français après 1800, t. X, par Jean Adhémar, Jacques Lethève, Françoise Gardey, Paris, Bibliothèque nationale, 1958, p. 52-53.

[85] Lettre de Georges Lechevallier-Chevignard à Richard Guino, 4 juillet 1930 ; Archives collection privée.

[86] Archives Manufacture de Sèvres.

[87] Richard Guino – Dessins et projets de reliures, Paris, Galerie Jean Charpentier, du 20 novembre au 5 décembre 1930 et Art décoratif, exposition de cinq artistes, Paris, Galerie Jean Charpentier, du 20 décembre au 6 janvier 1931 ; Archives collection privée.

[88] « Art Notes », International Herald Tribune, Published with the New York Times and the Washington Post, 3 mars 1931.

[89] La Somnambule et Le Printemps, vitraux de Richard Guino et Auguste Heiligenstein, photographies ; Archives collection privée.

[90] Archives Manufacture de Sèvres.

[91] Sanchez, 2008

[92] Gandini, 2011, p. 83.

[93] Gandini, 2012, annexes, chrono-biographie, p. 5.

[94] Lettre de Louis Paignant à Guino, 24 mars 1931 ; Archives collection privée.

[95] Lettre du directeur des Beaux-Arts à Ambroise Vollard, Paris, 23 avril 1931 ; Fonds Vollard, musée d’Orsay, Paris, MS 421, (10,7). Cette épreuve est aujourd’hui conservée à Paris au Petit Palais, inventaire PPS1708.

[96] Contrat du 1er juillet 1932 ; Archives Manufacture de Sèvres.

[97] Inv. SCSRG œ. g. n° 1428. Guino réalisera également un portrait à l’huile de Van Hollebeke, documenté par une photographie datée au verso 1935.

[98] Le Figaro, 8 juin 1932, p. 5.

[99] Lithographie conservée au Département des estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France ; Inventaire du fonds français après 1800, t. X, par Jean Adhémar, Jacques Lethève, Françoise Gardey, Paris, Bibliothèque nationale, 1958, p. 52-53.

[100] Dessins et plaquettes céramiques, Buste d’Aline Cézanne, collections privées.

[101] Kunstler, 1933, p. 4. Ces lithographies, des portraits de bébés dont l’un illustrait le catalogue, sont conservées au Département des estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France ; Inventaire du fonds français après 1800, t. X, par Jean Adhémar, Jacques Lethève, Françoise Gardey, Paris, Bibliothèque nationale, 1958, p. 52-53.

[102] Excelsior, 28 mai 1933, p. 2.

[103] Commande annulée par arrêté du 18 mai 1933 ; Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine, F21 / 4218 / Dossier 77 / Guino. Cette annulation fait-elle suite à l’échec du projet de tirage par la Manufacture de Sèvres et à la difficulté de trouver une alternative pour la réalisation d’une telle œuvre en terre cuite ?

[104] « L’actualité et la curiosité – Art décoratif », L’Art et les artistes, XXVI, juillet 1933, p. 216.

[105] Moutard-Uldry, 1933, p. 2.

[106] La photographie est légendée Figure pour une fontaine.

[107] Lettre de Susse à Guino, 30 janvier 1934 ; Archives collection privée.

[108] « Arts et lettres », Journal des débats politiques et littéraires, 5 juin 1934, p. 2. « Art et curiosités », Le Temps, 6 juin 1934, p. 4.

[109] Cf dans le catalogue l’essai de Sylvain Pinta. Correspondances de Richard Guino avec André Bouché, Roger Bréval, Pierre Gréber, René Huille, Antoine Alphonse Van Hollebeke, années 1930-1950 ; Archives collection privée.

[110] Lettre de Louis Crochu, maire de Rainvillers, à Richard Guino, 28 décembre 1934 ; Archives collection privée.

[111] « POP (Plate-forme ouverte du Patrimoine) », Patrimoine mobilier (Palissy), notice PM60005344.

[112] Cf dans le catalogue l’essai de Sylvain Pinta.

[113] Paris, 1934.

[114] Lettre de Vollard à Guino, 1934 ; Archives collection privée.

[115] « Peintures par Juliette Cambier et quelques sculptures par Richard Guino », du 11 au 24 janvier ; Archives collection privée.

[116] G. R., « Petit Courrier des Lettres, des Arts et des Sciences », L’Aube, 22 janvier 1935, p. 2.

[117] Thiébault-Sisson, 1935, p. 5.

[118] « Richard Guino – Mère et enfant. Galerie Marcel Bernheim ». Beaux-Arts, 1er février 1935.

[119] Gandini, 2012, annexes, chrono-biographie, p. 6.

[120] Lettre d’Achille Villey, préfet de la Seine à Richard Guino, 27 mars 1935 ; Archives collection privée. Dupuy, 1935.

[121] Comœdia, 19 novembre 1935, p. 3.

[122] Me Baudoin, Paris, Vente 18 mars 1936.

[123] Gandini, 2012, p. 231.

[124] Vitry, Paul, « Musée de Beauvais », Bulletin des Musées de France, n° 6, 8 avril 1936, p. 63‑64. Tableau déposé au musée de l’Oise, lettre du directeur du musée, M. Magnien, à Richard Guino, 27 mars 1936 ; Archives collection privée.

[125] Inv. SCSRG œ. g. n° 2511.

[126] Exposition internationale, Paris, 1937 ; Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine, F / 21 / 12170 / Dossier 6 / Mobilier commandes / Sous-dossier 413 / Guino Richard.

[127] Paris, 1937.

[128] Christian Mégret, « Un centenaire – Auguste Renoir », Le jour – L’écho de Paris, 30 janvier 1941, p. 2.

[129] D. de Charnage, « La sculpture au salon », La Croix, 15 mai 1937.

[130] Portraits, Sites et Monuments de la Région de l’Oise, exposition organisée par l’Institut de France et le musée Condé de Chantilly, du 8 juillet au 15 octobre 1937, aux Grandes Écuries ; Archives collection privée.

[131] De style néo-byzantin, l’église « Saint Teresa of the Child Jesus » fut édifiée durant les années 1937-1938 par l’architecte Giuseppe Rinvolucri à Princes Risborough, au nord-ouest de Londres ; Archives collection privée.

[132] Correspondance de Bernard Alexander et Richard Guino, plan architectural de la chapelle, études préparatoires, reçus de paiement et transport, 1934-1939 ; Archives collection privée.

[133] Vollard, 1937, p. 228 et p. 281-282. Vollard précise, après avoir décrit la manière dont il orienta Maillol et Bonnard vers la sculpture : « Je ne pensai pas, tout d’abord, avoir la même chance avec Renoir. »

[134] Plaquette de l’exposition, contrat de transport des œuvres et lettres de Magnien, conservateur du musée de l’Oise, à Beauvais, avril-octobre 1938 ; Archives collection privée.

[135] Gandini, 2012, annexes, chrono-biographie, p. 7.

[136] Ce crucifix, taillé dans le buis, est probablement le fruit d’une autre commande faite à Guino par Alexander. Il se trouve aujourd’hui dans l’église St John of Jerusalem, South Hackney, Royaume-Uni.

[137] « Salon de 1939, Arts Appliqués », Métiers d’Art, Groupe Artistique, n° 20, n. p.

[138] Cf dans le catalogue l’essai d’Élisabeth Lebon qui relate la complexité de la succession de Vollard et les aléas du devenir de ses œuvres.

[139] Gandini, 2012, annexes, chrono-biographie, p. 8.

1942-1965

EN RUPTURE AVEC L'ESTHÉTIQUE
ÉMERGEANT APRÈS-GUERRE

L'atelier de Guino à Antony en 1972 © Francesc Fontbona

Fig. X. Francesc Fontbona, L’atelier de Richard Guino, collection privée

En pleine guerre, Guino met sa famille à l’abri, en banlieue parisienne à Antony, dans une maison-atelier entourée d’un jardin (fig. 28). Celui de la rue Daguerre est repris par son fils, le sculpteur Michel Guino, qui deviendra l’un des acteurs du renouveau artistique de l’après-guerre. Si la diversité de ses moyens techniques demeure impressionnante, l’esthétique figurative de Guino paraît dépassée, il s’isole de la scène artistique. Il a maintenant un four, qui sert à la cuisson des céramiques « utilitaires » que produit la famille pour subvenir à ses besoins, son épouse Gabrielle disposant bientôt d’un papier à en-tête qui lui est propre. Guino répond à des commandes privées, portraits ou projets décoratifs. Continuant de se vouer à l’étude du nu féminin, il intensifie sa pratique de la peinture et du dessin sur le motif. Il s’y adonne en formant les photographes Serge Bougourd, fils de son vieil ami Gervais, et Francis Gastebois, son gendre, qui le promènent en auto à travers l’Ile-de-France (fig. 29). De manière secrète, il dessine et parfois modèle des œuvres érotiques[1].

1944

Naissance de Marie-Thérèse, sixième et dernier enfant.

1946

Dans le journal Vérités paraît, sous la plume de Gaston Poulain (1903-1973) : « Vollard ayant inventé la sculpture par TSF, toutes les statues de Renoir sont de Guino[2]. » L’article, systématiquement refusé du vivant de Vollard, dévoile l’importance de la part créatrice de Guino dans la genèse de l’œuvre sculpté attribué au seul Renoir.

1947

Guino montre deux lithographies au SAF. Ainsi qu’il l’a fait avec chacun de ses enfants, il réalise de nombreux portraits de sa benjamine (cat. X), dont un buste en terre cuite (cat. X). Le critique belge Paul Haesaerts, qui a entretenu une correspondance avec Guino à partir de 1940, publie Renoir sculpteur[3]. Guino est amèrement déçu par l’ouvrage comme par l’attitude du critique, qu’il avait largement contribué à informer et qui a cessé tout contact après une visite aux Collettes[4].

1948

Il expose des sculptures et céramiques au Salon de l’Association Arts, sports et culture du Centre Paris Gaz, où il donne des cours de dessin[5]. Dans un article des Lettres françaises, Besson écrit : « Un des mérites de l’exposition Renoir de la rue Matignon est de ne pas montrer de sculptures. Car on fit de Renoir un sculpteur. Au début cette idée l’amusait. Il montrait les moignons à bandelettes qu’étaient devenues ses mains : “Regardez. On veut me faire sculpter… avec ça…” À la longue, il s’irritait à la pensée de passer, après sa mort, pour un concurrent de son ami Maillol[6]. »

1949

Guino montre un dessin au SAF et bénéficie d’une nouvelle exposition au Centre Paris Gaz. Le restaurant L’Horloge, tenu à Paris par la famille Brohle, dont il devient un proche, lui commande, entre autres décors, la couverture d’un livre d’or, précieux bas-relief inséré dans la reliure qui rappelle ceux réalisés pour Chouanard[7].

1955

L’exposition Le faux dans l’art et dans l’histoire, qui se tient au Grand Palais, sous l’égide du ministère de l’Intérieur, s’ouvre avec un bronze de Venus victrix[8]. Tandis que l’œuvre sculpté « de » Renoir continue d’être abondamment édité[9], la précarité de Guino devient critique.

1956

Il expose des œuvres d’inspiration religieuse à la librairie L’Art Catholique.

1959

Âgé et malade, Guino essaye de tirer profit d’études réalisées du temps de sa collaboration avec Renoir. Il vend des modèles à un marchand américain, sous réserve d’obtenir un accord des ayants droit de Renoir pour leur édition. Le contrat, et deux autres de même nature intervenus en 1963 et 1971, seront résiliés après une action en justice qui ne s’achèvera qu’en 2001[10].

1960

La ville de Cagnes-sur-Mer achète le domaine des Collettes à Claude Renoir et inaugure un musée dédié au peintre[11]. Denis-Jean Clergue en est le premier conservateur[12]. Guino participe à l’exposition du Cinquantenaire de la mort de Léon Tolstoï à la Bibliothèque nationale, avec une plaquette céramique de 1911[13]. Pressé par le besoin il se résout, le 23 décembre, à vendre à Renou et Poyet le plâtre qu’il conservait de la Tête de Petite Vénus variante signée Renoir (cat. X). Les héritiers du peintre accordent aux marchands les droits d’édition qu’ils refusent à Guino, se réservant chacun un tirage du petit buste[14].

1963

Hélène Paignant (1922-2007), devenue peintre, a pris la direction de la galerie Colin et invite Guino à participer à une manifestation autour de Bernard Buffet[15]. Une exposition Renoir est présentée au musée Cantini de Marseille : les bronzes Maternité, Petit forgeron et Laveuse, ainsi que le Buste de Mme Renoir, en mortier peint et en bronze, y sont présentés comme des « sculptures exécutées par Guino[16] ».

1964

En janvier, Guino est invité aux Collettes pour l’inauguration d’une Venus victrix en bronze, nouvellement fondue[17]. Il est photographié aux côtés de la sculpture qu’il a réalisée cinquante années auparavant, seul et en compagnie de Marcelle Neveu ou de Denis-Jean-Clergue (fig. 30). Guino offre au musée de Cagnes-sur-Mer un lavis et une sanguine réalisés à cette occasion, La Vénus de Renoir aux Collettes (cat. X), ainsi que deux portraits de Renoir, médaillon et lithographie, et le plâtre Petit jugement de Pâris[18], des œuvres créées en 1913. Jean Renoir, se refusant à l’authentification des sculptures conservées par Guino comme à celle de toute œuvre de son père, lui écrit en août : « […] je me rends parfaitement compte de la collaboration que vous avez apportée à mon père […]. Je souhaite que l’édition en question puisse se faire et qu’elle vous soit profitable[19]. » Il rappelle le nécessaire assentiment de ses frère et neveu.

[1] L’érotisme dans l’art de Richard Guino, présentation de Lydia Harambourg, Paris, Louvre des Antiquaires, Galerie Spicilège, Éd. Gimmick, 2006.

[2] Poulain, 1946. Gaston Poulain fut conservateur des musées de Castres de 1947 à 1969.

[3] Haesaerts, 1947.

[4] Entretien de René Boulé avec Richard Guino du 6 septembre 1972 ; Archives collection privée.

[5] Exposition de l’Association Arts, sports et culture du centre Paris Gaz, Paris, Siège social du Gaz de France, 6 rue Condorcet, 13 novembre – 12 décembre. Plaquette de l’exposition ; Archives collection privée.

[6] Besson, 1948, p. 8.

[7] Portraits, dessins préparatoires et maquettes, 1949-1950, collection privée.

[8] Souvenir de Michel Guino. « […] permettez-moi de solliciter votre concours afin que nous puissions exposer quelques sculptures de Renoir, dont la “Grande Vénus”», lettre du sous-directeur à la sûreté nationale, L. Theus, à Richard Guino, Paris, 28 mars 1955 ; Archives collection privée.

[9] Divers accords sont intervenus entre héritiers de Vollard, de Renoir, et marchands, pour l’édition des bronzes, cf dans le catalogue les essais de Pascale Picard et Élisabeth Lebon.

[10] Archives collection privée.

[11] « POP (Plate-forme ouverte du Patrimoine) », base Muséofile, notice M0871.

[12] Les archives de Clergue, qui documentait soigneusement son travail, sont une précieuse source d’information.

[13] Collection privée.

[14] « Contrat pour le tirage en bronze de la Petite tête de la grande Vénus » entre les héritiers Renoir et la galerie Renou et Poyet, 10 février 1961 ; Archives collection privée.

[15] Lettre d’Hélène Paignant à Richard Guino, 24 mai 1963 ; Archives collection privée.

[16] Marseille, 1963.

[17] Un droit de tirage fut accordé à la ville de Cagnes-sur-Mer sur l’instance de Claude Renoir, cf dans le catalogue l’essai d’Élisabeth Lebon.

[18] Dons de Richard Guino au musée Renoir de Cagnes-sur-Mer, inventaire nos 64.12.1, 64.12.2.1, 64.12.2.2, 64.12.3, 64.12.4.

[19] Lettre de Jean Renoir à Richard Guino, 19 août 1964 ; Archives collection privée.

1965-1973

GUINO VERSUS RENOIR,
DE L'ANONYMAT À LA RECONNAISSANCE

Richard Guino aux côtés de Venus Victrix, sculpture créée en collaboration avec Renoir (1914-1916)

Fig. X. Anonyme, Richard Guino posant aux côtés de Venus victrix dans le jardin des Collettes, collection privée © ADAGP, Paris, 2023

1965

L’obtention d’un accord s’avérant impossible, Michel Guino, d’autant plus conscient de l’injustice faite à son père qu’il est lui-même sculpteur, le convainc de saisir la justice pour faire reconnaître ses droits. Le 9 août, Guino assigne la succession Renoir[1]

L’affaire fait grand bruit, de nombreux articles de presse témoignent de la virulence des débats[2].

 

1966

Guino retourne aux Collettes en octobre. Il s’entretient avec Denis-Jean Clergue, qui note ses propos sous le titre Souvenirs de Richard Guino[3].

 

1968

Un documentaire dédié à Renoir est tourné pour la télévision par Roland Bernard[4]. Guino est interrogé dans son atelier d’Antony : « Pendant que lui faisait sa peinture, moi je faisais sa sculpture […]. D’ailleurs je comprenais très bien ce qu’il désirait, vous savez, l’accord était parfait. »

 

1969

Le Sunday Times consacre un article de fond à l’affaire Guino-Renoir. Le photographe Ray Wilson se rend à Antony, il emmène Guino à Essoyes, qu’il photographie aux côtés de la tombe de Renoir, ornée du buste réalisé par le sculpteur en 1913[5]. Alfred Daber, galeriste désigné expert judiciaire, remet son rapport à la Cour du Tribunal de Grande Instance de Paris : il reconnaît la part créatrice et l’empreinte personnelle de Guino sur l’œuvre sculpté signée du seul Renoir[6].

 

1970

Jardin des Arts publie, en réponse à un article polémique de Cabanne, une lettre de Guino: « Je ne renie en rien mon admiration et mon amitié pour le grand peintre Auguste Renoir, mais je trouve navrant que ses héritiers et des marchands, qui ont leurs intérêts liés à eux, m’aient contraints de m’adresser aux tribunaux pour faire reconnaître mes droits moraux et patrimoniaux sur ce qui fut l’œuvre de ma jeunesse et à quoi j’ai consacré le meilleur de moi-même pendant cinq années, de 1913 à 1918[7]. »

 

1971

Le 11 janvier, le Tribunal de Grande Instance de Paris reconnaît Guino co-auteur de l’œuvre qu’il a créée en collaboration avec Renoir, à l’exception des trois médaillons représentant Ingres, Delacroix et Corot, que le sculpteur reste libre de diffuser sous sa seule signature. Les héritiers de Renoir font appel. Le 9 juillet, le jugement est confirmé. Les Renoir se pourvoient en cassation.

 

1972

Dans L’Estampille, Peyret-Chappuis consacre à Guino un grand article : « On a raconté, dit Guino, que durant que je modelais, Renoir m’indiquait ce que je devais faire, muni d’une baguette, pour préciser ses intentions. C’est absolument faux. Après avoir parlé un moment, il se mettait à peindre au rez-de-chaussée. Et moi, je descendais à la cave où je sculptais, seul pendant des jours[8]. » Fontbona parvient à faire publier dans la revue barcelonaise Serra d’Or l’entretien qu’il a réalisé avec Guino[9], ainsi redécouvert par ses compatriotes catalans[10].

 

1973

Guino meurt à Antony le 2 février. Il a désigné son fils Michel pour exercer le droit moral et à sa suite, sa fille Marie, peintre. Le 13 novembre, la Cour de cassation rejette le pourvoi des héritiers de Renoir et confirme définitivement Guino coauteur.

 

[1] Cf dans le catalogue l’essai de Clémentine Hébrard.

[2] Revue de presse 1965-1973 ; Archives collection privée.

[3] Clergue 1966-1967, p. 23-28 ; Archives du musée Renoir de Cagnes-sur-Mer, inventaire n°67-20.

[4] « Auguste Renoir », Les bonnes adresses du passé, Office national de radiodiffusion télévision française, film documentaire de Roland Bernard, 60 mn, 1968.

[5] Anne Seymour, Ray Wilson, « The curious case of Renoir’s ghost », The Sunday Times magazine, 5 janvier 1969, p. 12-17.

[6] Rapport d’Alfred Daber, expert près les Cours d’Appel, commis par jugement le 2 juillet 1968, avec mission, daté du 31 mai 1969 ; Archives collection privée.

[7] Guino, 1970, p. 82-83.

[8] Peyret-Chappuis, 1972, p. 60-64. Sur « la polémique de la baguette », cf l’analyse d’Emmanuelle Héran, Paris – Los Angeles – Philadelphie, 2009, p. 74.

[9] Cf dans le catalogue le texte de Francesc Fontbona.

[10] Fontbona, 1972, p. 31-32.

NOTES

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