GUINO CÉRAMISTE
Les œuvres et les archives conservées dans le fonds d’atelier de Richard Guino éclairent les étapes ainsi que la manière dont le sculpteur et décorateur a développé son activité de céramiste tout au long de son parcours artistique…
LES GRÉBER ET LES ARTISTES DE LEUR TEMPS
Beauvais, maison Gréber, ancienne Manufacture de grès
du 21 septembre au 27 octobre 2024
Une exposition du GRECB, Groupe de Recherches et d’Études
de la Céramique du Beauvaisis, présidé par Jean Cartier
L’exposition réunit une centaine d’œuvres – sculptures, céramiques, peintures, dessins – qui témoignent du rayonnement de la Manufacture Gréber et des échanges qui unirent de nombreux artistes, parmi lesquels Guino, à ce centre de création et d’expérimentation des techniques et usages de la céramique actif pendant près d’un siècle à Beauvais.
ŒUVRES DE GUINO
Cinq céramiques de Guino, réalisées dans le Beauvaisis pendant les années 1930, sont présentées dans l’exposition :
– Profil de Michel, plaquette en faïence émaillée
– Pot boule avec relief raisins et feuillage, faïence émaillée polychrome
– Profil de Linette, bas-relief découpé en terre cuite
– Enfant pleurant, bas-relief découpé en grès émaillé
– Deux danseuses aux grappes de raisin, bas-relief en faïence émaillée
Ces œuvres proviennent des collections privées de Jean Cartier, de Claire Bertin et de la succession Richard Guino.
GUINO CÉRAMISTE
Les œuvres et les archives conservées dans le fonds d’atelier de Richard Guino éclairent les étapes ainsi que la manière dont le sculpteur et décorateur a développé son activité de céramiste tout au long de son parcours artistique…
Guino, Nuancier d’émaux céramique
Daté « 26.08-1920 » au verso
Guino, Nuancier d’émaux céramique
Années 1930, argile rouge du Pays de Bray
Acteur de l’installation d’un four aux Collettes en 1917, dans le domaine de Renoir où il initie les fils du peintre, en particulier Claude Renoir, aux arts du feu, Guino poursuit son travail à Cagnes-sur-Mer jusqu’en 1926. Il y dispose à l’issue de l’aventure de création qu’il a partagée avec Auguste Renoir (1913-1918) d’un nouvel atelier à La Bégude, villa du peintre et maire de la ville Ferdinand Deconchy qui soutient ses projets de céramique.
Parallèlement à sa longue collaboration avec la Manufacture de Sèvres, qui débute en 1922, c’est à Montigny-sur-Loing en compagnie du potier Louis Baude, formé à Vallauris et recommandé par Guino à Jean Renoir, que « le sculpteur devenu céramiste » prépare en 1923 la troisième exposition personnelle que lui consacre la Galerie Hébrard. Parmi ses majoliques, une Pomone (Femme à la corbeille de fruits et à la grappe de raisin) en faïence stannifère polychrome est également remarquée à l’exposition des Arts Décoratifs qui se tient la même année au musée Galliera. Charles Gréber participe à cette exposition avec des grès réalisés à la Manufacture de Beauvais, créée par son père et dont il a repris la direction, tandis que son frère, Henri Gréber, s’adonne à la sculpture. Peut-être est-ce à cette occasion que se nouent les premiers liens entre les Gréber et Guino ? Celui-ci reçoit plusieurs récompenses lors de l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs de Paris en 1925, dont une médaille d’honneur dans la catégorie « Art et industrie de la céramique ». Georges Lechevallier-Chevignard, directeur de la Manufacture de Sèvres, l’annonce dans une lettre adressée à Guino le 8 janvier 1926 tout en le remerciant du « précieux concours qu’il apporte aux travaux de la Manufacture ».
Au milieu des années 1920 et jusqu’à son installation à Antony en 1942, où il disposera de son propre four, c’est à Paris chez son ami le maître verrier Claude Heiligenstein et son épouse la céramiste Odette Chatrousse que Guino cuit ses céramiques. Leur atelier du boulevard Raspail est proche du sien, situé 7 rue Daguerre, une adresse partagée par une communauté foisonnante d’artistes dont ses camarades le photographe Gervais Bougourd et le peintre Roger Bréval. Celui-ci l’invite à son mariage, célébré en 1932 par l’abbé peintre Alphonse Van Hollebeke à Rainvillers, dans l’Oise, où Guino retrouve Charles Gréber, témoin du marié.
La famille Gréber s’est illustrée sur plusieurs générations dans la céramique, la statuaire, l’architecture et la décoration après s’être implantée, dans la seconde moitié du XIXème siècle, au cœur du Pays de Bray, région riche d’une tradition potière multiséculaire due à ses gisements d’argile. Une terre rouge que Guino aime travailler : tout autant qu’un lieu de villégiature où il emmène régulièrement sa famille en vacances aux côtés de son ami Bréval, Rainvillers devient un lieu de création pour l’artiste qui y trouve, avec les Tuileries de Saint-Paul toutes proches et la Manufacture de grès artistique à Beauvais, de nouvelles opportunités d’expression formelle et d’expérimentation technique en coopération avec les céramistes et artisans locaux.
Il noue des liens amicaux avec le jeune André Bouché, fils du directeur des Tuileries de Saint-Paul, qu’il initie à son tour aux arts du feu et à qui il présentera le céramiste Pierre Pissareff. Durant les années 1935-1937, c’est à Pierre Gréber que Guino confie la cuisson des sculptures monumentales qu’il réalise en grès pour la St Teresa Church (Princes Risborough, Londres) – un défi aussi bien technique qu’artistique.
Les séjours de Guino dans le Beauvaisis sont marqués par une intense activité de portraitiste – buste et profils en terre cuite, parfois émaillés, dessins et peintures témoignent de ses liens avec le peintre Alphonse Van Hollebeke, le poète Philéas Lebesgue, les instituteurs de Rainvillers, Albertine et Henri Riché, la famille Huille, dont l’une des filles, Françoise, devient le modèle de sa Sainte Thérèse… Guino réalise aussi de nombreux dessins et peintures de paysages sur le motif jusque dans les années 1950.
BUSTE DE LA RÉPUBLIQUE
Un Buste de la République, créé par Guino en 1934 et documenté par des photographies anciennes, a été tiré à cinq exemplaires aux Tuileries de Saint-Paul, ainsi que le précise une lettre d’André Bouché adressée au sculpteur le 7 avril 1936 : « Hédin […] vous fait dire qu’il y a 5 Républiques de terminées, auxquelles il ne manque plus que la signature de Monsieur Guino pour aller au four. » L’un de ces tirages est offert à la ville de Rainvillers et le plâtre, dédicacé par Guino à son ami Jules Bouché, directeur des Tuileries dont il a fait le buste, à celle d’Ons-en-Bray (notice sur le site POP du ministère de la Culture).
ST TERESA CHURCH
C’est aussi à Beauvais que Guino réalise en grès le cycle d’œuvres monumentales destinées à la décoration intérieure et extérieure de la St Teresa Church (Princes Risborough, Royaume-Uni), une église de style néo byzantin dont les plans ont été confiés à l’architecte Giuseppe Rinvolucri. Cette commande importante, passée à Guino par Sir Bernard Alexander, comprend un bas-relief pour le maître-autel représentant le repos de Sainte Thérèse ainsi que des grandes figures de la Sainte, de la Vierge à l’enfant, du Christ.
Des photographies anciennes et la correspondance de Guino encore conservées permettent de retracer les étapes de la création de ce cycle d’œuvres monumentales, qui renouvellent l’iconographie religieuse avec un style synthétique, ample et épuré. La cuisson des pièces est réalisée par Pierre Gréber à la Manufacture de Beauvais durant les années 1937-1939, la dernière œuvre étant livrée juste avant que ne se déclenche les hostilités de la deuxième guerre mondiale qui verront Beauvais très durement éprouvée (voir aussi Collections publiques).
MANUFACTURE GRÉBER
La famille Gréber s’est illustrée sur plusieurs générations dans la céramique, la statuaire, l’architecture et la décoration après s’être implantée, dans la seconde moitié du XIXème siècle, au cœur du Pays de Bray, région riche d’une tradition potière multiséculaire due à ses gisements d’argile.
> Voir l’essai de Sylvain Pinta, attaché de conservation au MUDO, « Richard Guino, sculpteur, décorateur, céramiste » in Guino – Renoir. La couleur de la sculpture, Silvana Editoriale, 2023 (p. 184-195).
La succession Richard Guino exprime sa plus vive gratitude au GRECB, Groupe de Recherches et d’Études de la Céramique du Beauvaisis, avec lequel se sont développées des recherches passionnantes qui donneront lieu à une publication spécifique sur les céramiques créées par Guino au Pays de Bray.
GUINO – RENOIR, LA COULEUR DE LA SCULPTURE
Perpignan, musée d’art Hyacinthe Rigaud
du 24 juin au 5 novembre 2023
Commissariat Pascale Picard et Antoinette Le Normand-Romain
Label du ministère de la Culture « Exposition d’intérêt national »
EXPOSITION RÉTROSPECTIVE
Guino – Renoir, la couleur de la sculpture
Affiche de l’exposition Guino – Renoir, la couleur de la sculpture
Une exposition inédite qui rassemble plus de deux cents œuvres et invite le visiteur à découvrir le parcours artistique de Richard Guino (1890-1973) ainsi que le répertoire sculpté de Pierre-Auguste Renoir (1841-1919) dont il est coauteur.
CATALOGUE
Guino – Renoir, la couleur de la sculpture
Catalogue de l’exposition Guino – Renoir, la couleur de la sculpture
Le catalogue de l’exposition, établi sous la direction de Pascale Picard et Antoinette Le Normand-Romain, est le premier ouvrage scientifique consacré à l’œuvre de Guino (296 pages, 335 illustrations, Éd. Silvana Editoriale, 2023).
CYCLE DE CONFÉRENCES
Richard Guino, un artiste polychrome
Mardi 26 septembre, à 17h30
« La sculpture à Paris 1910-1914 »
Antoinette Le Normand-Romain
Commissaire scientifique de l’exposition – Conservatrice générale du patrimoine honoraire – Ancienne directrice de l’INHA honoraire
Vendredi 29 septembre, à 17h30
« Guino et les arts décoratifs »
Sylvain Pinta
Chargé des collections céramiques et collections XIXe et XXe siècles au MUDO, musée de l’Oise
Samedi 30 septembre, à 17h30
« La sculpture, un art collaboratif »
François Blanchetière
Conservateur du patrimoine au musée d’Orsay en charge de la sculpture
Mardi 3 octobre, à 17h30
« Élève ? Praticien ? Coauteur ? Concurrent ?
La relation artistique Guino-Maillol »
Ursel Berger
Ancienne directrice du musée Georg Kolbe de Berlin, coauteur avec Élisabeth Lebon de Maillol (re)découvert (Gourcuff Gradenigo, 2021)
Jeudi 5 octobre, à 18h00
« Art et droit d’auteur : Guino-Renoir vs Vasarely-Valluet »
Conférence-débat
Clémentine Hébrard, avocate spécialiste du droit de l’art
Pierre Vasarely, président de la fondation Vasarely
Vendredi 6 octobre, à 17h30
« Richard Guino, formation et début de carrière en Catalogne »
Cristina Rodriguez – Samaniego
Professeur au département Histoire de l’art, Université de Barcelone
ARTICLES DE PRESSE EN LIGNE
ARTS IN THE CITY
BEAUX-ARTS
> Guino, l’artiste qui a donné vie aux sculptures de Renoir
COMMUNE
> Expo à Perpignan : Guino sculpteur de Renoir… et autres œuvres solaires
EL PUNT AVUI (en catalan)
> El renaixement de Ricard Guinó
EL TEMPS DE LES ARTS (en catalan)
> Ricard Guinó (1890-1973), l’escultor apàtrida
L’INDÉPENDANT
> Perpignan : au musée Rigaud, l’œuvre sculpté de Richard Guino, avec et sans Auguste Renoir
MADE IN PERPIGNAN
> Au musée Rigaud, le sculpteur catalan Guino à l’honneur
L’ŒIL
> Richard Guino, alter ego d’Auguste Renoir
L’OFFICIEL DES GALERIES & MUSÉES
> L’artiste qui se cache derrière les mains de Renoir, Guino
LE PARISIEN
PRESS CAT
Dans la revue de presse du musée Hyacinthe Rigaud :
Le Figaro Magazine du 7 juillet 2023, double page illustrée dans la rubrique « Quartiers libres »
> Richard Guino, de l’ombre à la lumière
ELLE Magazine du 18 mai 2023, portrait de Pascale Picard, directrice et conservatrice en chef du musée, commissaire générale de l’exposition
VUES DE L’EXPOSITION
Guino – Renoir, la couleur de la sculpture
Guino, sculptures de jeunesse, années 1907-1908 (provenant des musées de Gérone, Espagne)
Photo © Ville de Perpignan. Musée d’Art Hyacinthe Rigaud – P. Marchesan © ADAGP
Guino, rencontre de Maillol et sculptures des années 1910-1915
Photo © Ville de Perpignan. Musée d’Art Hyacinthe Rigaud – P. Marchesan © ADAGP
Guino, bas-relief et statuettes en bois des années 1913-1919
Photo © Ville de Perpignan. Musée d’Art Hyacinthe Rigaud – P. Marchesan © ADAGP
Richard Guino, Buste de Renoir, 1913
© ADAGP
Gervais Bourgourd, Portrait de Guino, 1913
© ADAGP
Guino-Renoir, sculptures collaboratives et Guino, sculptures des années 1920
Photos © Ville de Perpignan. Musée d’Art Hyacinthe Rigaud – P. Marchesan © ADAGP
Guino, œuvres décoratives, plâtre, terre cuite, faïence émaillée, années 1920 et 1930
Photos © Ville de Perpignan. Musée d’Art Hyacinthe Rigaud – P. Marchesan © ADAGP
Guino, portraits d’enfants, bas-reliefs découpés en grès ou faïence émaillée, années 1920 et 1930
Photo © Ville de Perpignan. Musée d’Art Hyacinthe Rigaud – P. Marchesan © ADAGP
Guino, céramiques en grès ou faïence émaillée, années 1930 et 1940
Photo © Ville de Perpignan. Musée d’Art Hyacinthe Rigaud – P. Marchesan © ADAGP
ARISTIDE MAILLOL (1861-1944). LA QUÊTE DE L’HARMONIE
Paris, musée d’Orsay, du 12 avril au 21 août 2022
Roubaix, La Piscine, du 25 février au 28 mai 2023
Commissariat scientifique Ophélie Ferlier-Bouat et Antoinette Le Normand-Romain
La rencontre de Maillol et Guino, entre 1907 et 1910 ( ? ), à Gérone ou Barcelone ( ? ), fut décisive pour le jeune sculpteur. Elle eut lieu grâce à Prudenci Bertrana, leur ami commun, professeur à l’école des Arts de Gérone où Guino était scolarisé avant de poursuivre sa formation à la Llotja, l’École des Beaux-Arts de Barcelone. Bien qu’une génération sépare les deux artistes, Maillol trouva en Guino, à la suite du sculpteur catalan Joachim Claret (1879-1964), un jeune assistant talentueux à même de l’aider à réaliser des projets prestigieux. C’est en effet à Guino que Maillol confie la réalisation du Printemps, l’un des nus monumentaux des Saisons, commande du collectionneur russe Morozov. L’œuvre est posée par Eulalie Verdier (1891-1919), modèle, tisseuse et compagne de Guino jusqu’à sa disparition prématurée.
À la date du 30 mai 1911, Harry Kessler (1889-1937), ami et mécène de Maillol, relate dans son Journal leur visite à Guino, dans l’atelier du 7 rue Daguerre à Paris, pour voir la sculpture en cours de réalisation. Le comte, témoin passionné de la vie artistique de son temps, décrit Guino ainsi : « Petit homme sombre aux yeux vifs, un peu espiègles. Beaucoup de talent. Acheté un torse de femme modelé avec extrêmement d’ardeur et un petit relief en bois ». Les œuvres de Guino acquises par le comte Kessler ne sont ni identifiées ni localisées aujourd’hui.
Si Guino et Eulalie sont bien mentionnés dans le catalogue de l’exposition Maillol (voir Bibliographie), le Printemps, que l’on a pu voir avec ses soeurs Pomone, Flore et l’Été lors de l’exposition Morozov en 2021 (Paris, Fondation Louis Vuitton), n’est pas présenté dans l’exposition du musée d’Orsay. Peut-être du fait de cette genèse hybride ?
Les contemporains de sa création s’accordaient à trouver ce nu « fâcheusement maigre » (Journal, 1889-1937, regards sur l’art et les artistes contemporains, Comte Harry Kessler, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, Paris, 2017).
Eulalie Verdier, tisseuse, modèle de Maillol et de Guino dont elle fut la compagne
jusqu’à sa disparition prématurée en 1919 – Archives privées Richard Guino © SCSRG ©ADAGP
LA COLLECTION MOROZOV – ICONES DE L’ART MODERNE
Paris, Fondation Louis Vuitton, du 22 sept. 2021 au 3 avril 2022
Commissariat général Anne Baldassari
L’exposition événement réunit plus de 200 chefs-d’œuvre d’art moderne français et russe des frères moscovites Mikhaïl Abramovitch Morozov (1870-1903) et Ivan Abramovitch Morozov (1871-1921) : Manet, Rodin, Monet, Pissarro, Lautrec, Renoir, Sisley, Cézanne, Gauguin, Van Gogh, Bonnard, Denis, Maillol, Matisse, Marquet, Vlaminck, Derain et Picasso aux côtés de Répine, Korovine, Golovine, Sérov, Larionov, Gontcharova, Malévitch, Machkov, Kontchalovski, Outkine, Sarian ou Konenkov.
Anonyme, Musée d’art moderne occidental, l’ancien salon de musique d’Ivan Morozov,
au premier plan sur socle, Torse de femme, marbre de Guino, à l’arrière-plan à droite, Le Printemps,
sculpture réalisée par Guino pour Maillol, [1928-1932], Moscou, Archives du musée Pouchkine
Aujourd’hui conservées au musée Pouchkine à Moscou et au musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg (voir Collections publiques), les œuvres de Guino sont présentées dans le Catalogue général des œuvres d’art occidental acquises par Mikhaïl et Ivan Morozov établi par Anne Baldassari (p. 498 du catalogue).
D’autre part l’historienne de l’art Natalia Semenova est l’auteur d’un site consacré à la collection Morozov, où elle a notamment publié le reçu établi par Vollard pour le collectionneur à la date du 11 novembre 1913, ces sculptures de Guino ayant été acquises par Ivan Morozov en même temps que la peinture de Renoir L’Enfant au fouet.
Deux œuvres de Richard Guino, Torse de femme (marbre daté 1910 dans le catalogue de la collection Morozov, présenté en 1912 au Salon de la Société nationale des Beaux-Arts à Paris) et Maternité (terre cuite datée 1911 dans le catalogue), acquises par le collectionneur Ivan Morozov auprès d’Ambroise Vollard
> La Collection Morozov. Icônes de l’art moderne – Site de la Fondation Louis Vuitton
> Collection Morozov – Site édité par Natalia Semenova, historienne de l’art
(voir les sections Collection, Les Sculpteurs et Chronologie année 1913)
Dans l’exposition les œuvres de Guino acquises par Morozov auprès de Vollard, Torse (marbre, 1910) et Maternité (terre cuite, 1911) sont documentées par diverses photographies du Musée d’art moderne occidental, premier musée d’art moderne créé à partir des collections nationalisées de Chtchoukine et Morozov (1923-1948). Certaines de ces photographies, où les sculptures de Guino voisinent avec des chefs-d’œuvre « iconiques » tels La Danse de Matisse ou le Paysage bleu de Cézanne, sont reproduites dans le catalogue de l’exposition (pp. 124, 137 et 139).
PORTRAITS DES RENOIR & VENDANGES ART DÉCO
Essoyes, Village des Renoir, du 4 juin au 17 octobre 2021
Commissariat Olivier Le Bihan, assisté de Magalie Duvaux et Frédérique Kirstetter
Commissionnée par Olivier Le Bihan, l’exposition s’articule à l’histoire de la cité champenoise. C’est à Essoyes, village natal d’Aline Renoir, que débuta en 1913 la collaboration de Renoir et Guino – une terre de vignobles où le peintre aimait « paysanner » et où le sculpteur a pu nourrir son inspiration, les scènes dionysiaques ayant représenté l’un de ses thèmes de prédilection. Dans la maison aux décors d’époque finement reconstitués et dans l’ancien atelier, vibrant du souvenir de tant d’aventures artistiques, une sélection d’œuvres est présentée en deux volets : des portraits que Guino fit de Renoir et de sa famille ainsi qu’un choix de ses sculptures, céramiques et dessins des années 1920 célébrant les fruits de la vigne – Champagne oblige !
« Richard Guino, d’origine catalane, est un artiste aux multiples facettes : il est à la fois sculpteur, décorateur, céramiste, dessinateur et peintre. Cette polyvalence lui permet de comprendre la matière, ses enjeux, que cela soit dans ses projets individuels ou collectifs. Qui mieux que Guino aurait pu collaborer avec le maître de l’Impressionnisme qu’était Renoir, dans le domaine de la sculpture, à Essoyes et Cagnes-sur-Mer ? Collaborer et pas seulement assister tant Guino marque de son empreinte créatrice les sculptures issues de cette fructueuse aventure.
L’AVENTURE GUINO-RENOIR
À la veille de la Grande Guerre, Richard Guino devient l’homme providentiel de ce pari insensé, l’alchimiste qui va permettre de transformer le miel délicat de la peinture en métal précieux.
La transposition de l’œuvre bidimensionnelle en œuvre tridimensionnelle semble un défi qui relève de la littérature d’anticipation. Guino étudie les modèles, écoute le peintre, invente la sculpture de Renoir et devient le portraitiste de la famille ainsi que l’instructeur occasionnel des fils Renoir au métier de céramiste.
Le sculpteur, artiste précoce formé aux Beaux-Arts de Barcelone et reconnu sur la scène artistique parisienne, s’engage dans ce projet avec la précision technique et toute l’expérience déployée dans son travail d’assistant auprès de Maillol. Sa collaboration avec Renoir ouvre une nouvelle page importante de l’histoire de l’art dont l’histoire de l’art mettra beaucoup de temps à partager le mérite.
Essoyes accueille aujourd’hui Guino en maître. La cité champenoise célèbre le talent original de ce sculpteur qui a su immortaliser Renoir et son entourage avant de devenir le chantre Art Déco des riantes allégories de la fertilité de la vigne.
GUINO, L’IVRESSE DE LA CRÉATION
Richard Guino poursuit après la guerre une carrière indépendante et inscrit la fraîcheur enjouée de son naturalisme dans le développement du courant Art Déco. Il affectionne les sujets d’inspiration classique et développe une riche polychromie dans l’application de ses recherches figuratives au registre de la céramique monumentale.
Au cours des années 1920-1930, Guino participe à de nombreuses expositions internationales (France, Catalogne, Italie, Japon…) en traitant ses thèmes de prédilection – le nu féminin, le couple, la danse, la musique, la vigne, la maternité, l’enfance… – par le biais de médiums variés – faïence, bois, ivoire, terre cuite ou bronze… – explorant inlassablement la composition des volumes dans l’espace, la texture et les coloris des matériaux. »
Œuvres exposées « Portraits des Renoir » :
– Trois portraits de Renoir en médaillons, céramiques, 1913
– Renoir, lithographie, c. 1913
– Claude Renoir Junior, profil, faïence émaillée, 1916
– Claude Renoir Junior, buste, plâtre, 1916
– Étude de Maternité, Renoir-Guino, bronze, 1916
– Renoir peignant, bronze, 1916-17
– Paul Renoir, profil, faïence émaillée, 1927
Œuvres exposées « Vendanges Art Déco » :
– Satyre et bacchante à la grappe de raisin, crayon et lavis, 1917
– Bacchus à la grappe de raisin, bronze, 1918
– Femme à la corne d’abondance, crayon, encre et sanguine, c. 1919
– Musicien à la flûte de pan et grappe de raisin, plaquettes en faïence émaillée et bronze, c. 1919
– Vase aux anses en grappes de raisin, faïence émaillée, c. 1920
– Couple de femmes aux grappes de raisin, sanguine, 1920
– Couple bacchante et satyre aux grappes de raisin, sanguine, 1920
– Les Raisins, terre cuite, 1921
– Femme à la corbeille de fruits et grappe de raisin, faïence émaillée, 1922
– Pendule aux fruits, faïence émaille, 1924
– Femme marchant à la corbeille de fruits et draperie, faïence émaillée, 1924
– Automne, bronze, fonte à la romaine, 1925
– Tête de femme aux pampres, monotype sur parchemin, 1928
– Bacchante aux grappes de raisin, bas-relief en ébène, 1929
– Danseuse à la grappe de raisin et draperie, plâtre, 1933
– Enfant tenant une grappe de raisin, faïence émaillée, 1934
JEAN RENOIR, FRUITS DE SAISON
Essoyes, Maison Renoir, du 24 juillet au 8 novembre 2020
Commissariat Olivier Le Bihan, assisté de Magalie Duvaux et Frédérique Kirstetter
« Avant de devenir un cinéaste de renom et le chroniqueur d’une extraordinaire saga familiale, Jean Renoir a produit, entre 1919 et 1923, des dizaines de céramiques, marchant dans les pas de son illustre père. Ces réalisations méconnues ont lancé sa carrière artistique. Un ensemble provenant des collections françaises, publiques et privées, est présenté dans l’écrin restauré de la maison familiale des Renoir, à Essoyes. »
Si l’on connaît aujourd’hui l’apport original de Guino à l’œuvre qu’il sculpta avec Renoir pour le compte de Vollard (1913-1918), on sait peut-être moins le rôle qu’il a joué dans l’éveil à la pratique de la céramique des fils du peintre, Claude, Pierre et Jean, à la faveur de séjours à Essoyes et Cagnes-sur-Mer qui se prolongent jusqu’en 1926.
Le verger familial fournit l’essentiel de l’inspiration et compose, avec ses motifs de treilles, d’arbustes palissés et sa profusion de pommes, poires, raisins… l’allégorie d’une abondance infiniment renouvelée, à l’exemple des généreuses cornucopia (corne d’abondance) regorgeant de fruits de saison dont Guino garnissait ses pièces historiées.
L’exposition permet de découvrir, à travers les œuvres de Jean Renoir céramiste et l’évocation de l’atelier de céramique des Collettes, cette page inédite d’une aventure artistique, familiale et amicale exceptionnelle.
Œuvres de Guino exposées :
– Portrait de Jean Renoir en médaillon, 1913-1917
– Allégorie de l’Abondance, c. 1919
« Renoir sculpteur, une histoire singulière »
Conférence donnée par Emmanuelle Héran à l’occasion de la célébration du centenaire de Renoir par la ville de Limoges et l’acquisition, par le musée des Beaux-Arts, d’une sculpture de Renoir-Guino, Étude de la Maternité, ainsi que d’un portrait de Renoir par Guino (cf infra).
Emmanuelle Héran, conservatrice en chef du patrimoine responsable des collections des jardins du Louvre et des Tuileries, est spécialiste de la sculpture du XIXe et du début du XXe siècle. Conservatrice des sculptures au musée d’Orsay puis chargée de la programmation des expositions au Grand Palais, elle est l’auteur de nombreux articles et ouvrages et a assuré le commissariat d’expositions, parmi lesquelles « Le Dernier Portrait », « Rodin/Carrière », « Renoir au XX<sup>e</sup> siècle » et « Beauté animale ».
Un portrait de Renoir par Guino et une sculpture Renoir-Guino, Étude de la Maternité, rejoignent les collections du musée des Beaux-Arts de Limoges, ville natale du peintre célébré à l’occasion du centenaire de sa mort.
Durant la période de leur collaboration à Essoyes et Cagnes-sur-Mer (1913-1918), Guino a réalisé de nombreux portraits de Renoir et de ses proches, dont il partageait la vie de famille. Dans ce profil se perçoit cette proximité : le jeune artiste représente avec douceur la fatigue liée à l’âge, mais aussi la force de volonté d’un maître qui n’a rien perdu de sa soif créatrice.
Pour honorer la mémoire de son épouse disparue, Renoir demande à Guino de la représenter en s’inspirant d’une étude qu’il a réalisée. La commande est singulière au sein de l’œuvre commune pour avoir été passée par le peintre au sculpteur sans l’intermédiaire de Vollard. Renoir a offert à Guino un de ses tableaux pour le rétribuer, une nature morte dont la compagne du sculpteur, Eulalie Verdier, a fait une tapisserie. Guino a modelé Maternité, puis le buste Madame Renoir, dont un tirage en bronze ornera la tombe d’Aline. L’Étude de la Maternité restitue la tendre simplicité de la peinture et son caractère ébauché fait écho à la fraîcheur du portrait que fit Renoir de sa femme alors qu’elle allaitait leur premier-né, Pierre.
La maternité est l’un des thèmes de prédilection de Guino, qu’il déclinera notamment sous forme monumentale (voir Œuvre-Vie).
Le site est développé par les descendants de Richard Guino, organisés en société civile de succession (SCSRG), pour mettre à la disposition du public et des chercheurs une base de ressources documentaires dédiée à son œuvre et contribuer à recueillir des informations.
La synthèse présentée s’appuie sur les travaux d’inventaire et de divulgation menés par la succession Richard Guino ainsi que sur les recherches développées par critiques et historiens de l’art (voir Ressources).
Renoir et Guino se dédièrent d’abord à la création d’une Vénus, la déesse victorieuse du Jugement de Pâris. Renoir a peint, dans le cadre de sa collaboration avec Guino, une nouvelle version de la scène mythologique de l’élection de Vénus, s’inscrivant dans une tradition largement explorée par de nombreux artistes depuis l’Antiquité.
Par sa monumentalité, la grande Vénus de Renoir et Guino se mesure à cette histoire, par la rupture qu’elle opère avec l’académisme et l’expressivité rodinienne, elle participe au renouveau de la sculpture moderne et résonne avec les sculptures de Maillol, avec lequel Guino avait intensément travaillé durant les années 1910-1912 (voir Œuvre-vie).
Le plâtre de Venux Victrix, à partir duquel ont été réalisées de nombreuses épreuves en bronze aujourd’hui dans les plus prestigieux musées du monde, intègre les collections du musée d’Orsay à Paris.
Grâce à la photographie de l’une des salles d’exposition du Musée national d’art moderne occidental de Moscou – l’ancien palais Morozov où furent rassemblés, entre 1923 et 1948, les chefs-d’œuvre nationalisés des collections Chtchoukine et Morozov – une œuvre de Guino, qui voisine avec des sculptures des Saisons de Maillol (Flore et Printemps) et des peintures de Matisse, a été identifiée puis localisée.
Ce marbre, Torse de femme, n’était connu que par une autre photographie conservée dans les archives familiales, où l’on voit Guino travailler dans son atelier. L’œuvre, aujourd’hui conservée au musée Pouchkine de Moscou, a été acquise par Ivan Morozov auprès de Vollard en 1913. Guino a travaillé aux côtés de Maillol (1910-12) pour la création des nus monumentaux des Saisons, une commande du même Morozov.
Cette découverte en a entraîné une autre, le collectionneur russe, grand amateur d’art moderne, ayant également fait l’acquisition d’une Maternité en terre cuite, aujourd’hui conservée au musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg. Il s’agit de l’un des thèmes de prédilection de Guino, qu’il a exploré en diverses matières et dimensions.
Deux œuvres de Richard Guino, Torse de femme et Maternité, acquises par le collectionneur Ivan Morozov et conservées en Russie, redécouvertes grâce à l’exposition « La collection Chtchoukine » (Paris, Fondation Louis Vuitton, 2016)
L’une des œuvres monumentales de Guino, créée en 1915, durant la période de sa collaboration avec Renoir, est confiée en dépôt au musée des Beaux-Arts de Perpignan, en Catalogne.
Guino explore le motif classique du nu féminin à sa toilette et offre un hymne à la sensualité empreint de douceur, qui rappelle l’Aphrodite accroupie du Louvre. La ligne de composition torsadée rythme les volumes d’un corps dévoilant ses profils tel un paysage vallonné, à travers effets de creux et de pleins, jeux d’ombre et de lumière.
L’œuvre, au musée Hyacinthe Rigaud, voisine avec Torse du Printemps de Maillol, une sculpture dont l’historienne de l’art Ursel Berger a établi qu’elle avait été créée par Guino dans son propre atelier de la rue Daguerre, alors qu’il assistait Maillol. Cette information trouve sa source dans le journal du comte Kessler, mécène et collectionneur, passionnant témoin de la vie artistique de son temps (voir Bibliographie).
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